Le poète Raúl Zurita est enfin en France. Nous saisissons cette occasion pour organiser un avant-goût dans le cadre du 14e festival littéraire Belles Latinas. Un vieux projet se concrétisant grâce à l’initiative de l’Université Côte d’Opale qui organise un symposium international à Boulogne-sur-Mer du 5 au 8 octobre prochain. Nous vous invitons à découvrir ses vers énergiques, sensibles, et profonds. Cet auteur singulier sera aussi à Paris, à Toulouse et à Lyon avant de s’envoler pour le Chili, le 14 octobre, pour une lecture à l’AmphiOpéra et en soirée à l’Instituto Cervantes. Nous vous proposons une courte présentation de Raúl Zurita par Benoît Santini, maître de conférence de l’Université de Boulogne-sur-Mer.
Raúl Zurita, né en 1950, est un poète chilien de renommée internationale, invité dans de nombreux festivals à l’étranger. Lauréat du prix national de littérature au Chili en 2000, il a publié Purgatorio (1979), Anteparaíso (1982), Canto a su amor desaparecido (1985), La vida nueva (1994), Poemas militantes (2000), INRI (2003), Zurita (2011) ainsi qu’un roman, El día más blanco (1999, réédité en 2015) et la traduction d’Hamlet en espagnol (2014). Il a fait partie à la fin des années soixante-dix du Colectivo de Acciones de Arte (CADA) qui visait à faire descendre l’art dans la rue. Il a écrit le poème La vida nueva, tracé dans le ciel de New York en 1982, ou le vers Ni pena ni miedo dans le désert d’Atacama en 1993. Dans ses poèmes, les plages, le désert, les fleuves du Chili sont en mouvement permanent et déformés par la force de la pensée, donnant lieu à des scènes oniriques. Les mers et le désert reçoivent les corps des disparus de la dictature, tout comme le langage poétique donne une sépulture digne à ces mêmes disparus.
Dans son immense recueil de 700 pages (Zurita aux éd. Université Diego Portales à Santiago du Chili) font irruption des scènes familiales vécues par le poète ainsi que des souvenirs douloureux de l’époque de la dictature, et réapparaissent, tels des monuments en ruines, des fragments d’ouvrages antérieurs qui semblent avoir été écrits des milliers d’années auparavant. Le jeu verbal, les créations langagières, l’utilisation de blancs typographiques et de syllogismes, la structure savamment travaillée de ses poèmes et recueils sont quelques-uns des traits distinctifs de son écriture poétique.
Traduit dans de nombreuses langues (anglais, italien, allemand, français, chinois, bengali, etc.), la reconnaissance du poète en Europe s’est concrétisée dans la remise du Doctorat Honoris Causa de l’Université d’Alicante en mars 2015, et l’organisation de deux événements scientifiques autour de sa poésie (colloque à l’Université d’Alicante en mars 2015, symposium à l’Université du Littoral Côte d’Opale à Boulogne-sur-Mer en octobre 2015).
Benoît SANTINI
Université Boulogne-sur-Mer