Depuis le mois de mai, María del Carmen Squeff, ambassadrice d’Argentine en France fait une campagne de recherche des bébés volés durant la dictature des années 1976-1983.
La dictature militaire argentine (1976-1984) est accusée d’avoir exécuté ou fait disparaître environ 30 000 personnes. On sait maintenant que plusieurs milliers d’entre elles ont été jetées vivantes à la mer. Parmi les victimes, plus de 500 femmes enceintes avaient donné naissance à leur enfant en prison avant d’être tuées. Les bébés volés étaient ensuite remis en adoption à des militaires ou des policiers favorables au régime.
Les mères et grand-mères de ces disparues ont fondé plusieurs associations dans le but de rechercher leurs nietos, leurs petits-enfants. Depuis la fin de la dictature, elles ont retrouvé 116 d’entre eux. Malgré leur grand âge et les décès, leurs recherches continuent inlassablement. L’ambassade d’Argentine en France a lancé en mai dernier une campagne « Le droit à l’identité », la recherche de possibles bébés volés, aujourd’hui adultes, en France.
Estella de Carlotto en France
La présidente des “Grand-mères de la Place de mai” (Las Abuelas de la Plaza de Mayo) (1) est venue en France début septembre pour soutenir cette campagne. En présence de Maria del Carmen Squeff, ambassadrice d’Argentine en France, d’Anne Hidalgo, maire de Paris, et de Geneviève Garrigos, présidente d’Amnesty International France, Estella de Carlotto a planté un « arbre du souvenir » dans le Jardin des mères et grand-mères de la Place de mai situé dans le 15e arrondissement de Paris (2). Elle a rappelé que ce jardin fut inauguré en 2007 en présence de Cristina Fernández, l’actuelle présidente et de Bertrand Delanoë, maire de Paris. Elle a ensuite donné une conférence à la Mairie de Paris sur le thème des Droits humains en Argentine et le droit à l’identité. La campagne est aussi soutenue par l’association HIJOS en Argentine et le Collectif argentin pour la mémoire en France (3).
Lecteurs et lectrices de notre hebdo, si vous connaissez des Argentin(e)s dont les parents sont arrivés en France dans les années 1980, donnez-leur les numéros de téléphone suivants. Ce sont peut-être des bébés volés. En effet, de nombreux tortionnaires et assassins argentins ont quitté leur pays dès la fin de la dictature pour fuir de possibles procès pour crimes contre l’humanité. Certains sont peut-être arrivés en France avec leur bébé volé…
Jac FORTON
Le numéro des Grand-mères à Buenos Aires à partir de la France : 00-54-11-4384-0983. Le numéro de l’ambassade d’Argentine à Paris est le 01 44 05 27 00. Demander Javier Santander du service des droits humains.
(1) Ainsi nommées parce qu’au début de leur création, ces associations faisaient le tour de la Plaza de Mayo proche du Palais présidentiel pour exiger des réponses à la disparition de leurs enfants, arrêtés par le système répressif de la dictature.
(2) Rue Balard, métro Javel-André Citroën.
(3) Adresse du collectif : collectif.argentin@gmail.com