LE FESTIVAL CARTOON MOVIE
Le festival Cartoon Movie, pour sa cinquième édition, qui se déroulera du 7 février au 6 mars, fait place à deux projets latino-américains dans sa programmation. Des films qui, de par les sujets abordés, l’arrivée des Espagnols en terre quechua et la dictature de Pinochet, intéresseront petits et grands.
Dans le cadre de ce forum de coproduction du long métrage d’animation européen, les producteurs présentent leur projet d’animation à un public de 700 professionnels dans le but d’accélérer le montage financier du projet, de nouer des coproductions et coopérations transfrontalières et d’intéresser les distributeurs européens et internationaux.
A Cartoon Movie, qui se déroule à Lyon du 4 au 7 mars, les projets peuvent être présentés dès le stade de concept, mais aussi en développement, en production, en avant-première ou en tant que film terminé. C’est toute la filière industrielle et économique qui participe dès lors à l’évolution du film, ce qui décuple les possibilités de financement pour le producteur. Né en Allemagne, Cartoon Movie est LE forum européen de la coproduction de longs métrages d’animation, qui depuis 2009, a décidé de s’installer en Rhône-Alpes, confirmant ainsi le leadership européen de la région pour le film d’animation. Partenaire du forum, Imaginove, pôle de compétitivité des filières de l’image en mouvement, qui regroupe 1 300 entreprises du cinéma, de l’audiovisuel, du multimédia et du jeu vidéo, renforce la compétitivité des acteurs rhônalpins à travers l’innovation, la formation et l’accélération de leur développement commercial. Grâce au travail effectué à Villeurbanne, à Annecy et prés de Valence, nous verrons trois longs métrages Rhônalpins en 2015.
En ce qui concerne nos liens avec l’Amérique latine, au moins deux projets seront présentés. Dans Pachamama, de l’Argentin Juan Antin, réalisateur de Mercano le martien en 2002, Tepulpai, un jeune garçon et son ami Naira devront lutter en terre quechua contre l’arrivée des Espagnols. La coproduction est française. Le second, La radio, est en cours de préparation et conte la vie de deux enfants et de deux adolescents sous la dictature de Pinochet. Il sera réalisé par Cuini Amelio Ortiz et Carolina Cruz. La coproduction est allemande. Nous constatons que le cinéma d’animation s’adresse désormais, non seulement aux enfants, mais aussi aux adultes. Cependant actuellement les petits Lyonnais peuvent voir de nombreux dessins animés européens dans les salles du Grand Lyon, grâce au cycle “On cartoon dans le Grand Lyon”.
BIRDMAN : NOTRE AVIS
Dans Birdman, le cinéaste mexicain Alejandro González Iñárritu, grand vainqueur des Oscars avec 4 statuettes – meilleur film, meilleur réalisateur, meilleur scénario original, et meilleure photographie – s’intéresse au monde des blockbusters hollywoodiens et à celui du théâtre new-yorkais.
Riggan Thompson, qui a joué dans deux Birdman il y a plus de vingt ans (comme l’interprète Michael Keaton l’avait été dans deux Batman de Tim Burton), veut faire son retour non plus au cinéma mais au théâtre à Broadway. Il souhaite devenir à la fois metteur en scène et acteur du spectacle inspiré d’une nouvelle de Raymond Carver écrite dans les années cinquante qui parle de reconnaissance et d’amour.
Pour nous faire parcourir les coulisses et la scène du théâtre que l’on ne quitte presque pas, le réalisateur utilise des plans séquences où l’on semble tout voir, suivre les gens dans les couloirs, dans les cintres, dans les loges et sur le toit comme en un unique plan. Le travail du directeur de la photo, le Français Emmanuel Lubeski, est remarquable. Pour que la sensation soit encore plus forte, tout a été filmé dans l’ordre. Alors que voit-on ? Un acteur sur le retour qui délire et qu’une voie intérieure, celle du super héros qui fit sa gloire, rend misanthrope ; sa fille qui sort de désintoxication ; une actrice de quarante ans qui va monter pour la première fois sur les planches de Broadway ; un vrai comédien de théâtre imbu de sa personne (l’admirable Edward Norton) ; les critiques que tout le monde craint, mais qui ne voit même pas les spectacles, et quelques comparses. Il faudra qu’un jour, se retrouvant en slip sur Times Square, filmé par des spectateurs qui déclenchent un buzz sur la Toile, Riggan retrouve la gloire.
D’une certaine manière, et avec beaucoup d’humour, Iñárritu règle ses comptes avec Hollywood et ses héros factices, et avec le théâtre new-yorkais, centre de la culture.
Signalons que la plupart de la musique originale est d’un percussionniste mexicain, Antonio Sánchez, que l’on aperçoit d’ailleurs au moins trois fois durant le film. Une partie de la musique a été écrite avant le film afin que la construction des décors et la longueur des couloirs adoptent le rythme de la musique.
Alain LIATARD