On a longtemps parlé du réalisme magique, l’Argentin Ricardo Strafacce préfère le terme de Réalisme invraisemblable pour se l’appliquer à lui-même, et La Bolivienne en est un excellent exemple.
Tout commence dans la province de Buenos Aires, dans un bidonville proche d’un fleuve saturé d’une pollution chimique qui donne aux crapauds qui l’habitent une santé de fer, santé de fer qu’ils communiquent aux habitants du lieu, étant leur seule nourriture. Une superbe jeune Bolivienne s’installe dans ce quartier, un médecin douteux s’intéresse à la santé insolente de ces miséreux, les conditions sont réunies pour démarrer une fable contemporaine.
La belle Bolivienne est au centre de l’action, héroïne moderne qui défend écologie et libertés, qui s’oppose donc à l’argent mal gagné, aux politiques malhonnêtes et aux militaires attachés à leur pouvoir. Malgré l’impact des thèmes abordés, l’auteur garde tout le temps une certaine légèreté qui lui permet de remettre les choses à ce qui pour lui est la bonne proportion : l’existence humaine est bien dérisoire, on se passionne, on s’oppose, on lutte pour des causes qui nous semblent fondamentales et qui, au bout d’un certain temps, seront tombées dans l’oubli, la vie aura repris un cours normal, et, au fond, qu’est-ce que le normal et l’anormal ?
Ce court roman peut se lire de deux façons apparemment opposées, on peut verser une larme sur l’impossibilité de faire changer les choses en bien, ou au contraire refermer le livre avec un sourire d’apaisement : comme dans toute fable, en fin de comptes, tout finit bien !
Christian ROINAT