Dans son roman, Moscow Edyr Augusto, le dramaturge équatorien, journaliste mais aussi poète et auteur de Belém, nous livre un récit tragique et époustouflant, à travers une centaine de pages, qui traitent d’une bande de loubards pauvres, qui sévit avec une extrême violence. L’histoire évolue au cœur de Mosqueiro, l’île brésilienne que les autochtones surnomment « Moscow ».
Sur l’île de Mosqueiro, appelée Moscow, lieu de villégiature pour les milieux favorisés de Belém, le narrateur à la première personne, Tinho Santos, avec sa bande vit la nuit, boit, agresse, viole et vole sans scrupule ni remords. Peu à peu, tout s’accélère, tout dérape et tout échappe à ces garçons. Le narrateur finira seul, subissant en quelque sorte ce qu’il a fait subir aux autres. La seule empathie qu’il peut ressentir est réservée à ses copains, il tombe aussi amoureux d’une fille qu’il respecte, pense qu’il peut, peut-être, espérer un nouveau départ, mais sa passion tournera court.
L’auteur en choisissant le point de vue de Tinho joue avec son lecteur, car ce Tinho tout à fait humain dans ses désirs, dans ses complexes, dans ses humiliations, nous émeut, mais il nous horrifie également et devient franchement monstrueux et haïssable dans le déchaînement de ses pulsions. Il nous permet aussi de comprendre cet engrenage depuis l’enfance dans la violence et la criminalité.
L’enchaînement des événements et de leurs conséquences, subtilement maîtrisé et mené, fait pressentir de page en page une issue fatale inéluctable pour toute cette bande et quand nous arrivons à la dernière ligne, nous sortons du livre, assommés et remplis de tristesse pour les personnages, malgré leur dérive monstrueuse. Voici donc un texte à lire en parallèle de l’excellent Belém du même auteur, paru également aux éditions Asphalte.
Louise LAURENT
Edyr Augusto : Moscow, traduit du portugais (Brésil) par Diniz Galhos, éditions Asphalte, 12 €.