L’auteure de 82 ans est la première femme mexicaine à obtenir le plus prestigieux prix de la langue espagnole : le Miguel de Cervantes. Plus qu’une récompense, l’écrivaine considère ce prix comme un engagement avec les nouvelles générations d’écrivains.
D’origine polonaise et française, Elena Poniatowska a fait du Mexique sa terre. C’est pour faire honneur aux indiens, aux mexicains les plus défavorisés, qu’elle a porté une robe autochtone rouge et jaune au moment de recevoir le prix des mains du roi d’Espagne. En effet, les habitants “ordinaires” ont constitué le noyau dur de son œuvre, et l’auteur se considère avant tout comme une chroniqueuse, quelqu’un qui raconte, qui parle des autres afin d’aller “au-delà de sa propre vie, d’être dans d’autres vies”.
L’œuvre prolifique de cette mexicaine exemplaire est très variée. Bien que ses publications les plus célèbres soient des récits d’évènements historiques, comme La noche de Tlatelolco (1971) sur le massacre des étudiants à Mexico en 1968 ou Nada, nadie. Las voces del temblor (1988) sur le tremblement de terre à Mexico en 1985, la fiction occupe une place importante dans son œuvre, sous forme de nouvelles ou de romans.
Dans le discours qu’elle a prononcé lors de la remise du prix Cervantes, Elena Poniatowska a exalté l’œuvre des femmes célèbres qui l’ont précédée. Elle a évoqué tout d’abord Ana María Matute, María Zambrano et Dulce María Loynaz, lauréates du Cervantes avant elle. Elle a également fait part de son admiration pour les mexicaines Sor Juana Inés de la Cruz, Frida Khalo, Tina Modotti et Leonora Carrington, des femmes qui ont su faire triompher leur art dans un monde d’hommes.
Elle a finalement remercié le jury de lui avoir décerné le prix à “une Sancho Panza féminine, […] une écrivaine qui ne peut pas parler de moulins parce qu’il n’y en a plus, mais qui parle des hommes de la rue, de ceux qui vont faire leurs courses, qui travaillent tous les jours et qui dorment là où ils peuvent”. Elle espère, en tant qu’écuyère, servir d’exemple à toutes les nouvelles générations d’écrivains qui, comme elle, donnent une voix au peuple.
Paola RHÓ MÁS