François Hollande était à Mexico pendant deux jours la semaine dernière (10 et 11 avril) pour la commémoration du cinquantième anniversaire de la visite triomphale du général Charles de Gaulle au Mexique et pour recréer un climat sain dans les relations franco-mexicaines. Celles-ci se trouvaient être un peu compliquées depuis l’affaire Florence Cassez. Quelques jours plus tard, Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères se rendait à Cuba, pour améliorer le dialogue politique.
En fin de semaine dernière, François Hollande achevait son voyage au Mexique. Il s’est rendu dans le pays jeudi 10 et vendredi 11 avril afin de recréer de bonnes relations entre les deux pays suite aux tensions provoquées par l’affaire Cassez. C’est avec les mots de son prédécesseur le Général de Gaulle en 1964, que François Hollande s’est adressé aux Mexicains et à la communauté française au Mexique. Il a repris la célèbre expression du général qui voulait que les peuples français et mexicain marchent “La mano en la mano”. Il s’est même permis de revisiter l’expression en ajoutant “ El corazón con el corazón”. Toutefois, cette rencontre commémorative du cinquantième anniversaire de la visite triomphale du général Charles de Gaulle au Mexique était bien plus sobre que celle de l’époque, loin des confettis et de la fureur du peuple en Mars 1964. Hollande s’est même permis d’ironiser sur les verts, en répliquant “Vous voyez, ici les Verts me soutiennent !” face à l’accueil enthousiaste du seul sénateur écologiste du Sénat Mexicain.
Outre la commémoration de la visite du général de Gaulle, le chef d’État français accompagné de Laurent Fabius, d’Aurélie Filipetti et de Marisol Touraine ministres des Affaires étrangères, de la Culture et des Affaires sociales, s’est déplacé pour ouvrir “une nouvelle page” dans les relations franco-mexicaines après quelques moments “difficiles”. Il s’agissait donc d’une rencontre visant à réconcilier deux patries un peu plus d’un an après la libération de la Française Florence Cassez, détenue pendant sept ans au Mexique. Pour Carlos de Icaza, vice-ministre des Affaires étrangères, ancien ambassadeur du Mexique à Paris, “C’est une visite très importante, ce sont de grandes retrouvailles entre le Mexique et la France”. Il ajoute que “La France est le 16e partenaire commercial du Mexique et pourrait devenir l’un des premiers”.
Le président François Hollande et son homologue mexicain Enrique Peña Nieto ont signé une quarantaine d’accords, conventions et lettres d’intention dans de nombreux domaines : l’éducation la santé, l’aéronautique, la sécurité, l’énergie et l’économie notamment. Les deux présidents ont communiqué leur volonté de “doubler les échanges entre les deux pays d’ici à 2017”.
Maude Versini appelle François Hollande à l’aide
Toutefois, cette visite placée sous le signe de la paix et de la réconciliation s’est accompagnée de l’appel à l’aide de la française Maude Versini pour récupérer ses enfants enlevés par leur père, l’ex gouverneur de Mexico, un proche du président mexicain. “Je me bats contre mon ex-mari Arturo Montiel, qui a été gouverneur de l’État de Mexico, immensément puissant et parrain politique du président actuel du Mexique”, a-t-elle déclaré sur Europe 1. Á cet égard, Hollande a mentionné, devant la communauté française de Mexico que “la France n’abandonne personne”. “Une solution humaine doit être trouvée”, a précisé un conseiller élyséen. Quant à, Valérie Trierweiler, l’ex première dame de France, elle ne s’est pas retenue d’afficher explicitement son soutien à la jeune maman : “Je soutiens @MaudeVersini qui n’a pas vu ses enfants depuis 847 jours, retenus par leur père au Mexique. Aidons-la. @Francediplo doit agir” a-t-elle tweeté. Ce tweet aurait pu être un élément dangereux pour la reprise de bonnes relations entre Mexico et Paris déjà bien endommagées par l’affaire Cassez précédemment évoquée.
Laurent Fabius invité à Cuba
De retour de Mexico avec Hollande, Laurent Fabius a fait escale à Cuba samedi 12 Avril suite à l’invitation le mois dernier de Bruno Rodriguez Parrilla, ministre des Affaires étrangères de Cuba. Pour la première fois depuis 31 ans, un chef de la diplomatie française s’est rendu sur l’île. Un peu comme pour le Mexique, le but de la rencontre était de “débloquer le dialogue politique” et par la même occasion, de renforcer les liens bilatéraux économiques entre les deux pays. En effet, Cuba s’ouvre petit à petit : le 29 Mars, l’île Caribéenne a adopté une loi qui dispense d’impôts, les entreprises étrangères sur les bénéfices pendant huit ans, à condition que les investissements soient réalisés dans une entreprise d’État ou dans une coopérative. La France pourrait donc bien en profiter. Cuba a même accepté une proposition de l’Union Européenne pour un dialogue de normalisation de leurs relations plutôt distantes depuis les années 2000.
Le sujet, bien que délicat, des droits de l’Homme n’a pas été laissé pour compte par Laurent Fabius qui confie qu’ “entre amis, on peut parler de tout”. C’est avec le président Cubain Raul Castro que ce sujet a été traité. Les sources diplomatiques françaises illustrent une évolution positive de Cuba évoquant la libération de prisonniers politiques et l’assouplissement des possibilités de voyager à l’étranger pour les cubains. Toutefois, le dissident cubain Elizardo Sanchez, président d’une commission des droits de l’homme interdite à Cuba estime que : “le gouvernement de Cuba n’a pas la moindre volonté d’engager des réformes qui sont urgentes”. Fabius a rappelé que Cuba est aussi le siège du processus de paix en Colombie mis en place depuis 2012 entre le gouvernement colombien et les FARC. La France “veut apporter de nouveau son plein soutien” à ce dispositif pour la Paix et reconnait le rôle de Cuba dans ce processus. La rencontre entre Paris et la Havane a aussi mené à la préparation de la Conférence “Paris-Climat 2015” car selon le ministre français, cette question est “une préoccupation particulièrement sensible pour les états des Caraïbes”. En plus du président et du ministre des Affaires étrangères cubain, Laurent Fabius a rencontré Jaime Ortega, chef de l’Église catholique ainsi que des représentants d’entreprises françaises installées à Cuba.
Sirine SASSI