Premier roman publié en France de l’Uruguayen Felipe Polleri, L’ange gardien de Montevideo est pour le lecteur une troublante descente dans l’esprit vacillant d’un jeune homme dont l’occupation principale est de remplacer le concierge de son immeuble et de subir les humiliations de la plupart des voisins.
On est littéralement plongés dans la tête de Néstor, jeune homme, machine ou pantin, c’est selon, et Felipe Polleri parvient très bien à nous faire partager le trouble qui est la définition du narrateur. Ce sont ses délires qui sont ainsi exprimés, mais aussi ses angoisses, plus rarement ses aspirations, presque tout le temps ses incompréhensions par rapport aux mortels qui l’entourent, qui vivent dans un monde qui leur semble, qui nous semble normal, mais qui pour Néstor, est hors de toute réalité, de toute vraisemblance. Ajoutons qu’un deuxième narrateur, peut-être un habitant de l’immeuble, mais peut-être aussi, pourquoi pas Felipe Polleri lui-même, se glisse parfois entre les pages de Néstor et rajoute un peu de piment à ce jeu du vrai et du pipé, un clin d’œil qui pourrait être un peu plus que ça. Je vous intrigue un peu ? Allez y voir vous-mêmes, L’ange gardien de Montevideo mérite bien le temps de lecture qu’il nous demande.
Christian ROINAT
Photo©Panta Astiazaran
Felipe Polleri : L’ange gardien de Montevideo, traduit ed l’espagnol (Uruguay) par Christophe Lucquin, Editions Lucquin, 106 p., 14 €