Ce roman est un véritable régal ! Un des meilleurs romans noirs de ces dernières années ! Une découverte, celle d’un auteur brésilien, journaliste, poète et parfois romancier (il n’a publié jusque là que deux romans), et celle d’un roman très bien mené du début à la fin, sans le moindre temps mort.
Tout commence avec la découverte du corps sans vie de Johnny, le coiffeur de la jet-set locale, apprécié de tous, au centre de la vie sociale de cette ville de près d’un million et demi d’habitants. L’inspecteur chargé de l’affaire, Gilberto Castro va faire des découvertes inquiétantes. On le voit, il n’y a rien de très original dans le point de départ. Tous les ingrédients traditionnels sont là : le policier alcoolique, une ou deux superbes blondes (même en pleine Amazonie !), de la drogue, du sexe. Mais Edyr Augusto repousse très loin les limites du genre. Un curieux jeu de narrateurs, peut-être légèrement déroutant au début, donne au récit un côté troublant et surtout très efficace. Cette composition, qui promène le lecteur ente le nœud de l’action et les sensations les plus intimes des principaux personnages, donne à l’ensemble des allures de roman social et psychologique : l’image qu’on croit s’être faite des protagonistes ne cesse d’évoluer en fonction des nouvelles informations qui nous sont données sur tel ou tel, son milieu social, son passé, ses relations avec ses amis, ses secrets qu’il croit n’avoir gardé que pour lui. Du coup le suspense est décuplé, l’attention constamment en éveil. Même les personnages les plus secondaires ont une humanité troublante.
Peu à peu se construit une mini Comédie humaine, à l’échelle d’une ville de province brésilienne.
Asphalte annonce la publication du second roman de Edyr Augusto. On l’attend avec impatience !
Christian ROINAT
Edyr Augusto : Belém, traduit du portugais (Brésil) par Diniz Galhos, Asphalte, 251 p., 21 €.
Titre original : Os éguas, Boitempo Editorial, São Paulo, 1988.