Leones, Mon bel oranger, Magic magic, La Danza de la realidad : ces quatre films sont à découvrir sur grand écran à la rentrée, également marquée par la 22è édition du festival de cinémas et cultures d’Amérique latine de Biarritz, du lundi 30 septembre au dimanche 6 octobre.
Un seul film latino est sorti début août. Il s’agit de Leones de la plasticienne argentine Jazmin Lopez, qui a réalisé un film dans la lignée de Gerry de Gus van Sant. On peut lire une très bonne critique dans le journal Le Monde : http://www.lemonde.fr/culture/article/2013/08/06/leones-dans-les-tenebres-d-une-foret-argentine-des-sons-pour-unique-boussole_3457850_3246.html.
Depuis le 21 août est diffusé Mon bel oranger du brésilien Marco Bernstein, scénariste de Central do Brasil et réalisateur d’un premier film sympathique L’autre côté de la rue. Au Brésil, Zézé, presque 8 ans, est issu d’une famille pauvre du Minas Gerais. À cause de ses frasques à répétition, il est souvent battu. Pour y échapper, cet enfant sensible et précoce, aimant par-dessus tout raconter des histoires, se réfugie souvent sous les branches d’un jeune et bel oranger. Il devient aussi l’ami d’un émigré portugais qui possède une belle traction-avant. Publié en 1968, le roman partiellement autobiographique du brésilien José Mauro de Vasconcelos connaît un succès retentissant dans le monde entier. L’adaptation est un peu trop simple, peut-être parce que l’on veut nous montrer la réalité du point de vue de l’enfant, mais le film recherche l’émotion du spectateur. Une belle nature nous permet de sympathiser avec l’enfant.
A partir du 28 août sortent les films remarqués à Cannes cette année. D’abord Magic magic, le nouveau film de Sebastián Silva, le réalisateur de La nana et de Les vieux chats. Cette fois le film se déroule dans un climat complètement différent. Pendant ses vacances au Chili, Alicia, une jeune américaine réservée, se trouve embarquée par sa cousine Sara et sa bande d’amis sur une île isolée au sud, dans la région de Lago Ranco. Cette nature sauvage mêlée à des espaces confinés constitue une toile de fond idéale pour cette histoire angoissante. Alicia se replie de plus en plus sur elle-même et commence à perdre ses facultés mentales tandis que le groupe, plongé dans ses propres problèmes, fait preuve de cruauté mais aussi d’inconscience vis-à-vis de la jeune fille. La grande qualité du film est de savoir jouer subtilement des codes, rendant peu prévisible l’évolution de l’action. Chacun n’est jamais finalement ce qu’il paraît : à la fois en tant que personnage, mais aussi par rapport aux rôles des acteurs dans leurs précédents films. Il en est de même du film. Parfois on pense que celui-ci va tourner à l’ésotérique ou au gore, mais rien de tout cela. Silva dit avoir pensé aux films de Polanski pour insuffler un climat très dérangeant, accentué par la photographie de Cris Doyle, spécialiste de films urbains, qui donne ici à la nature une tonalité très particulière.
Le cinéaste de 84 ans Alejandro Jodorowsky révélé par El topo en 1970, puis par La montagne magique, mais également auteur de BD (L’Incal, avec Moëbius, notamment), spécialiste de tarot, fondateur du légendaire groupe Panique (avec Topor et Arrabal), n’avait pas touché une caméra depuis Le voleur d’arc-en-ciel en 1989. Dans La danza de la realidad, présenté à la Quinzaine des Réalisateurs, il fait un retour sur son enfance à Tocopilla au nord du Chili. Pour interpréter son père, il choisit son fils, et de nombreux autres membres de sa famille apparaissent dans le film, qui, comme toujours chez Jodorowsky, mêle ses souvenirs et ses rêves – souvent des cauchemars. Pour incarner sa mère, il choisit une chanteuse d’Opéra qui ne s’exprime que par des vocalises. Mais le film, difficilement racontable, est très accessible car le cinéaste fait un vrai retour sur sa propre vie en faisant appel à la magie, mais cette fois sans beaucoup d’ésotérisme. C’est vraiment un film original comme l’on n’en voit peu et qui pour certains spectateurs qui ne connaissent pas Jodorowsky, peut leur donner l’impression que nous donnaient certains films de Fellini. Ce n’est pas un mince compliment.
Biarritz 2013
Le prochain Festival de Biarritz se déroulera du 30 septembre au 5 octobre. Comme chaque année, il sera ouvert à plusieurs formes d’expression.
Au cinéma d’abord avec dix longs métrages en compétition, dont El verano de los peces voladores de Marcela Said, Chili, et Wakolda (Le médecin de famille) de Lucia Puenzo, Argentine, déjà présentés dans notre chronique de Cannes, et Los insólitos peces-gato (Les dôles de poissons-chats) de Claudia Sainte-Luce, Mexique, en film d’ouverture . Il y aura aussi la compétition de 10 courts métrages de différents pays, et la compétition, toujours très suivie, de films documentaires dont Victor Jara, N°2547 par Elvira Diaz, Chili. Il y aura aussi un focus sur le cinéma chilien.
En partenariat avec l’Institut des Hautes Études de l’Amérique Latine (IHEAL, Sorbonne Nouvelle – Paris 3) se tiendra un colloque “Chile, 40 años depués, le 11 septembre 1973 et ses conséquences”. Trois écrivains seront également mis en avant : Valeria Luiselli (Mexique) et Antonio Ungar (Colombie), en leur présence, et un hommage sera rendu à Roberto Bolaño. Au village auront lieu concerts et animations. Enfin, on pourra assister au concert de Paco Ibañez, le 1er octobre.
Pour plus de renseignements visitez le site du Festival : www.festivaldebiarritz.com
Alain LIATARD