La mort de Frankétienne, voix singulière de la littérature haïtienne

L’écrivain, poète, peintre, dramaturge, enseignant, Frankétienne, de son vrai nom Jean-Pierre Basilic Dantor Franck Étienne d’Argent est né le 12 avril 1936 à Ravine Sèche, dans le département de l’Artibonite. Il grandit dans un milieu rural créolophone et pratique le français à Port-au-Prince où il est scolarisé. Il intègre l’Institut des Hautes Études internationales. Il devient enseignant puis directeur d’école. 

Au début des années 1970, avec l’arrivée au pouvoir des Duvalier, il est proche du groupe « Haïti littéraire » que côtoient d’autres écrivains, à l’instar de René Philoctète ou Anthony Phelps. La pression de la politique de Duvalier sur la vie culturelle haïtienne pousse plusieurs auteurs à quitter le pays et à s’exiler en France, au Canada… Tel un acte de résistance, Frankétienne choisit de rester dans son pays où il entreprend de lutter, par l’écriture. Il poursuit également sa carrière d’enseignant.

Il publiera ainsi plus de quarante ouvrages dont le fameux Dézafi, en 1975, premier roman écrit en créole haïtien où il dénonce l’oppression et la résilience du peuple. Frankétienne est aussi poète. Avec Jean-Claude Fignolé et René Philoctète, il crée le mouvement « Spiralisme », dans les années 1960. Un style qui privilégie une écriture dynamique, en mouvement, telle une spirale qui mêle français et créole.

L’homme était aussi un peintre talentueux. Son art, proche de l’abstrait, aux couleurs vives fait toujours référence à son pays. Haïti perd un écrivain incontournable et une figure emblématique de son histoire.