Le Chili a écrit une nouvelle page de son histoire en votant, le mercredi 29 janvier, une réforme très attendue des retraites. Le système obligatoire par capitalisation individuelle, instauré sous la dictature du général Pinochet, marque un tournant avec cette réforme.
C’était l’une des grandes promesses du président Gabriel Boric depuis sa victoire aux dernières élections présidentielles : revenir en partie sur le système de retraites par capitalisation privée hérité du dictateur Augusto Pinochet, qui prévoit un montant très faible des pensions de retraite pour les bénéficiaires. Si la réforme est moins ambitieuse que prévu, elle n’en demeure pas moins un moment fort en symbolique pour l’histoire chilienne. Après avoir été adoptée largement par le Sénat, la Chambre des députés a validé le projet de réforme, avec 110 voix pour et 38 contre, dans cette chambre largement dominée par la droite. Le président de gauche chilien, à l’issue de ce vote, a salué une réforme historique : « C’est un très grand succès pour le Chili. Concrètement, cela va mener à la plus forte hausse du niveau des retraites depuis la réforme des années 80 ».
Si cette réforme semble mettre droite et gauche d’accord, elle fait aussi suite à une forte demande populaire qui s’est exprimée lors des manifestations massives dans tout le pays contre le système de retraites hérité de la dictature du général Pinochet. La nouvelle loi, entre autres, devrait permettre la mise en place d’un système de retraites mixtes, public et privé, alors que jusqu’ici le système reposait essentiellement sur ce dernier, dans lequel les travailleurs finançaient seuls leur retraite. Dorénavant, les employeurs seront mis à contribution pour financer les retraites. Le gouvernement estime que la réforme permettra une hausse d’entre 15 et 35 % des pensions de retraite, notamment pour les femmes, qui ont les retraites les plus faibles. Dans un pays où la moitié des retraites sont inférieures au seuil de pauvreté.
Cette réforme, qui diffère du projet initial du président Gabriel Boric en raison d’une majorité présidentielle fragile qui oblige à des compromis, permettra néanmoins de tourner une page de l’histoire du Chili en allant vers un système plus juste qui met à contribution l’ensemble des acteurs publics et privés.
Lucas GOYON