Le 2 octobre 2024 sortait le dernier livre de Gioconda Belli Un silence plein de murmures. Le dernier livre de l’autrice d’origine nicaraguayenne Gioconda Belli inspiré de son histoire familiale nous permet de faire le portrait d’une écrivaine qui à marqué sa génération au-delà des frontières de son pays.
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Le dernier livre de Gioconda Balli Un silencio lleno de murmullos (Un silence plein de murmures) [1.] raconte l’histoire de Pénélope, une femme de 45 ans, qui se rend en Espagne depuis le Nicaragua pour s’occuper des affaires de sa mère Valeria, récemment décédée. Cette dernière avait émigré en Espagne, déçue par ses frères d’armes, après avoir lutté aux côtés des révolutionnaires sandinistes pour renverser la dictature de Somoza. Elle meurt seule à Madrid. Pénélope se retrouve ainsi plongé dans la vie de sa mère ; cette mère qu’elle a toujours senti absente ; marquée par la clandestinité et par l’amour. Entre vibromasseur et alcool, elle découvre alors un grand secret sur Valeria.
« À travers le jeu de miroirs entre la protagoniste et les traces de sa mère décédée, nous retrouvons toutes les Gioconda Belli qui ont également peuplé sa poésie », écrit dans El País la journaliste et écrivaine Berna Gonzáles Harbour.
Cette fiction permet à l’écrivaine de revenir sur l’histoire de son pays natal en y faisant apparaître l’aspect charnelle et féministe qui est propre à sa poésie. Elle s’inspire aussi de son propre récit familial et de son engagement militant comme dans El país de las mujeres [1.].
Gioconda Belli Pereira est une autrice et poétesse née au Nicaragua en 1948, mais de nationalité Chilienne, après que le gouvernement de Daniel Ortega la lui ait retirée en 2023. Fille d’un père entrepreneur et d’une mère artiste, elle décroche finalement un diplôme en publicité et en journalisme à Philadelphie. A 22 ans elle rejoint les rangs du FSLN contre la dictature d’ Anastasio Somoza Debayle en transportant du courrier et des armes en Europe et en Amérique Latine. Son objectif était alors d’obtenir des ressources et de faire connaître la lutte sandiniste. Elle travaille ensuite au sein du gouvernement après la victoire du FSLN jusqu’en 1979, date à laquelle le parti perd les élections. Dès les années 1980 elle centre sa littérature sur la révolution sandiniste en teintant son style d’un érotisme féministe et révolutionnaire. Elle traite ainsi de liberté avec humour en laissant paraître entre les lignes une critique de notre société. Cependant, en désaccord avec le parti sandiniste, elle en est écartée et choisit finalement l’exil après l’élection de Daniel Ortega en 2016. Elle reçut de nombreuses distinctions pour ses œuvres comme le prix Casa de las Américas, dans le genre poésie, pour son livre Línea de fuego [2.] en 1978, le prix Los Angeles Times Book pour son autobiographie Le pays que j’ai dans la peau (El país bajo mi piel) [3.] en 2003 et le prix Biblioteca Breve pour son livre L’Infini dans la paume de la main (El Infinito en la palma de la mano) [4.] en 2008.
Lucas Lemoine
[1.] Un silencio lleno de murmullos (Un silence plein de murmures) de Gioconda Belli, éditions Seix Barr, 344 p., 2024, 21,90€.
[2.] El país de las mujeres (La république des femmes) de Gioconda Belli, éditions Seix Barr, 368 p., 2010, 19,90€.
[3.] Línea de fuego de Gioconda Belli, Casa de las Américas, 89 p., 1978.
[4.] Le pays que j’ai dans la peau (El país bajo mi piel) de Gioconda Belli, éditions RBA, 432 p., 2000, 25€.
[5.] L’Infini dans la paume de la main (El Infinito en la palma de la mano) de Gioconda Belli, éditions Jacqueline Chambon, 250 p., 21€.