« Les rives de la mer Douce » par l’écrivaine argentine Laura Alcoba

En septembre dernier, l’écrivaine argentine Laura Alcoba était invitée au festival de Biarritz dans le cadre du gros plan que le festival consacre à l’actualité politique argentine. Les organisateurs du festival ont profité de sa présence pour organiser une rencontre pour présenter son dernier livre édité au Mercure de France fin 2023. La rencontre était en compagnie d’un autre écrivain compatriote Santiago H. Amigorena.

Le 14 mars 2021 à 15 h 50, Laura Alcoba longe la rive droite de l’Aven, entre Pont-Aven et le moulin du Hénan, lorsqu’elle voit à la surface de l’eau, entre les branchages et les rochers, le dessin d’un cœur. Le trouble de cette vision presque magique réveille sa mémoire. À l’Aven se superpose l’image du Río de la Plata, que les premiers navigateurs espagnols avaient nommé la mer Douce, tant le fleuve était vaste. Apparaissent alors, comme dans une promenade hallucinatoire, les moments essentiels de sa vie, ceux qui l’ont construite et ont fait d’elle une des écrivaines les plus talentueuses d’aujourd’hui. Toujours prise entre deux fleuves, deux langues, deux pays. Laura Alcoba n’a rien oublié de son enfance clandestine en Argentine. Ce voyage intérieur en forme d’autoportrait ressemble à un radeau qui conduit dans les points les plus sauvages et parfois les plus douloureux d’une vie.

Dans ce livre superbe se mêlent la douceur de la Bretagne et des pans de culture sud-américaines, avec leurs récits légendaires. Il parle de voix tues, de mutisme forcé, de fractures existentielles, de déracinement. Mais les évoque avec une infinie douceur et une grande retenue, sans jamais prononcer le mot de traumatisme. Avec une intensité dramatique qui croît au fil des pages, Laura Alcoba nous fait pourtant traverser sa mémoire d’enfant et celle de son pays, semblablement meurtries, comme on travers le Río de la Plata pour se rendre d’un pays à un autre.

D’après l’éditeur

Les rives de la mer Douce par Laura Alcoba, 160 p., 17,80 euros.