« Sérieux doute », « difficile à croire », « victoire frauduleuse »… Alors que la commission électorale a annoncé la réélection du président sortant Nicolás Maduro au Venezuela, plusieurs pays ont fait part de leurs réserves concernant ces résultats, lundi 29 juillet. L’opposition revendique la victoire.
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Premier chef d’État à mettre en doute publiquement le résultat de la présidentielle au Venezuela, le président du Chili, Gabriel Boric, a estimé ces résultats « difficiles à croire ». « Le régime de Maduro doit comprendre que les résultats qu’il publie sont difficiles à croire », a-t-il réagi sur le réseau social X, affirmant que « le Chili ne reconnaîtra aucun résultat qui ne soit pas vérifiable ». Le président du Costa Rica, Rodrigo Chaves, « rejette catégoriquement » la proclamation de la victoire de Nicolás Maduro dimanche à la présidentielle au Venezuela qu’il qualifie de « frauduleuse ». « Le gouvernement du Costa Rica rejette catégoriquement la proclamation de Nicolás Maduro comme président de la République bolivarienne du Venezuela, que nous considérons comme frauduleuse », a déclaré Rodrigo Chaves dans un message diffusé sur le réseau social X. Il a ajouté que son pays travaillerait « avec les gouvernements démocratiques du continent et les organisations internationales pour que la volonté sacrée du peuple vénézuélien soit respectée ». Même chose pour son homologue colombien. Le ministre des Affaires étrangères Luis Gilberto Murillo demande « dès que possible, un décompte total des voix, sa vérification et un audit indépendant », a-t-il écrit sur X. « Il est important de dissiper les doutes sur les résultats », termine le ministre.
Chez le voisin brésilien, le ministère des Affaires étrangères « réaffirme encore le principe fondamental de la souveraineté populaire, qui doit être respecté au moyen de la vérification impartiale des résultats », dans un communiqué. Par le passé, le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva a longtemps défendu son homologue vénézuélien face aux critiques de la communauté internationale. Mais Brasilia a durci le ton à l’approche de la présidentielle.
« Sérieux doutes » des États-Unis
Le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, a exprimé lundi de « sérieux doutes » quant à l’exactitude des résultats de l’élection présidentielle au Venezuela. « Nous craignons sérieusement que le résultat annoncé ne reflète pas la volonté ou le vote du peuple vénézuélien », a ajouté Antony Blinken lors d’une conférence de presse au Japon. « Il est essentiel que chaque vote soit compté de manière juste et transparente, que les responsables électoraux partagent immédiatement les informations avec l’opposition et les observateurs indépendants, et que les autorités électorales publient les résultats détaillés des votes », a-t-il détaillé. « La communauté internationale suit la situation de très près et réagira en conséquence », a-t-il ajouté.
L’UE et la France demandent une « transparence totale » du scrutin
Le chef de la diplomatie de l’Union européenne, Josep Borrell, a pour sa part réclamé sur X une « transparence totale (…) y compris le décompte détaillé des voix et l’accès aux procès-verbaux des bureaux de vote ». La France a elle aussi, par la voix du ministère des Affaires étrangères, appelé les autorités vénézuéliennes à faire preuve de « transparence totale » sur le processus électoral, en publiant l’intégralité des procès-verbaux et résultats des centres de vote pour « garantir la sincérité du scrutin ». « À l’occasion de l’élection présidentielle, le peuple vénézuélien s’est exprimé en nombre et de manière pacifique. Son choix doit être respecté », ajoute le quai d’Orsay dans un communiqué.
La Chine et Cuba à contre-courant
À contre-courant, le président de Cuba, Miguel Diaz-Canel, a indiqué lundi avoir appelé Nicolás Maduro pour le féliciter de son « triomphe électoral historique ». « J’ai parlé avec mon frère Nicolás Maduro pour le féliciter chaleureusement au nom du parti, du gouvernement et du peuple cubain pour le triomphe électoral historique obtenu », a-t-il déclaré, alors que son pays est un allié traditionnel du Venezuela. La Chine, qui entretient des liens étroits avec le Venezuela, a aussi félicité Nicolás Maduro pour sa réélection à la tête du pays. « La Chine est prête à enrichir le partenariat stratégique de tous les temps (avec le Venezuela) et à en faire bénéficier les peuples des deux pays », a indiqué devant la presse un porte-parole de la diplomatie chinoise, Lin Jian.
Neuf pays demandent un « réexamen complet des résultats »
Neuf États d’Amérique latine – l’Argentine, le Costa Rica, l’Équateur, le Guatemala, le Panamá, le Paraguay, le Pérou, la République dominicaine et l’Uruguay – « exigent un réexamen complet des résultats avec la présence d’observateurs électoraux indépendants » et une réunion sous l’égide de l’Organisation des États américains (OEA), ont-ils déclaré dans une déclaration commune publiée par le ministère argentin des Affaires étrangères. Caracas a refusé ou bloqué à la dernière minute de nombreux observateurs internationaux, dont quatre ex-présidents d’Amérique latine dont l’avion a été retenu au Panama vendredi, en plus d’avoir retiré en mai son invitation à l’Union européenne.
À suivre…
D’après dépêches