La visite officielle au Brésil du président français a commencé, après une journée en Guyane, le mardi 28 mars où il retrouvé le président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva en pleine forêt amazonienne pour une visite d’État sur trois jours.
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Emmanuel Macron va graver dans le marbre la relance du partenariat franco-brésilien avec le préisdent Lula lors d’une visite d’État, après les années noires de la présidence d’extrême droite de Jair Bolsonaro. « Nous sommes dans un moment franco-brésilien », fait valoir la présidence française, en soulignant les « nombreux points de convergence » avec Lula, notamment sur les « grands enjeux globaux ». « Ce moment intervient après une éclipse de quatre ans et un quasi-gel des relations politiques entre nos deux pays lors de la présidence de Bolsonaro », qui a multiplié les outrances durant son mandat (2019-2022). En pleine crise sur les incendies en Amazonie, Jair Bolsonaro et ses ministres avaient eu des propos très désobligeants, voire insultants, envers le président Macron et son épouse, qui avaient fini d’envenimer la relation.
Même volonté de retour en grâce du côté de Brasilia où l’on se félicite du partenariat avec la France, membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU et troisième investisseur au Brésil, derrière les États-Unis et l’Espagne. « La France est un acteur essentiel, incontournable pour la politique étrangère brésilienne », relève la responsable Europe de la diplomatie brésilienne, Maria Luisa Escorel de Moraes. Le président Lula accorde à son hôte l’honneur d’une visite d’État, la seconde seulement depuis sa réélection fin 2022.
De nombreux contentieux
Le chef de l’État français, qui effectue au Brésil sa première visite bilatérale en Amérique latine depuis 2017, entend multiplier les déplacements dans la région d’ici à la fin de son mandat. Le président Lula accueillera son hôte dès la première étape de son périple mardi à Belém (Nord), en Amazonie, puis mercredi sur la base d’Itaguai, près de Rio, où sont fabriqués les sous-marins franco-brésiliens et enfin jeudi à Brasilia, capitale du pays.
Si les sujets de contentieux ne manquent pas, de l’Ukraine – Lula refuse de prendre parti contre la Russie – à l’accord commercial entre l’Union européenne et le Mercosur, les deux dirigeants ont avant tout à cœur d’avancer sur ce qui les unit : la transition écologique et la réforme de la gouvernance internationale. « On ne pourra pas gagner le combat pour le climat si on ne gagne pas en même temps le combat contre la pauvreté. C’est vraiment une conviction qui les rapproche », pointe la présidence française.
Le Brésil, qui préside cette année le G20 des pays les plus industrialisés et accueillera en 2025 la COP30 à Belém, est au cœur de ces enjeux. Pays le plus peuplé et le plus riche d’Amérique latine, il a retrouvé sa place sur la scène internationale depuis le retour de Lula et est un acteur-clé des BRICS, le bloc des pays émergents avec lesquels Paris souhaite se rapprocher. Dans la foulée de la COP28 à Dubaï, les deux chefs d’État vont afficher une ambition commune de « réduction des énergies fossiles » et de « solidarité beaucoup plus importante vis-à-vis des pays les plus pauvres pour réduire les inégalités », résume l’Élysée.
Propulsion nucléaire
En matière de défense, la France et le Brésil coopèrent pour la production de quatre sous-marins à propulsion classique – le troisième sera mis à l’eau mercredi – et d’hélicoptères. Brasilia pourrait aussi faire appel à Paris pour l’aider à développer la propulsion nucléaire sur un cinquième sous-marin. « C’est un dossier stratégique, sensible, délicat (…) mais les deux pays échangent aussi à ce sujet », a concédé Maria Luisa Escorel de Moraes. La France ayant toujours exclu de tels transferts de technologie, « une annonce dans ce sens enverrait un signal fort au Brésil et à Lula », considère Gaspard Estrada, spécialiste de l’Amérique latine à Sciences Po Paris.
Le président Lula devrait aussi réitérer son appel à la signature rapide de l’accord UE/Mercosur, bloqué par la France sur fond de crise agricole et de regain protectionniste en Europe. « Cela pourra entrer dans la discussion (…) mais le but n’est pas de négocier, de convaincre qui que ce soit », souligne toutefois la diplomate brésilienne, à l’unisson de l’Élysée.
D’après agences