La clôture des candidatures à l’élection présidentielle au Venezuela a eu lieu le 26 mars. Ces élections se tiendront le 28 juillet, date de naissance d’Hugo Chávez. Ces
élections seront-elles libres et transparentes comme s’y est engagé le pouvoir avec
les oppositions lors du dialogue de la Barbade ? Qu’en pensent, à ce stade, les
partis d’opposition au Venezuela ? Les États-Unis et l’Union européenne lèveront-ils
les sanctions économiques ? Face à ces échéances, quelles positions les
gouvernements des pays latino-américains adoptent-ils ?
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Treize candidatures ont été acceptées par le Conseil National Electoral (CNE). En toute dernière heure, la candidature d’Edmundo González Urrutia, ancien ambassadeur et politologue, a été soutenue par la principale coalition d’opposition, la Plateforme unitaire démocratique. Auparavant avait été déposée la candidature de dernière minute de Manuel Rosales, 71 ans, déjà candidat face à Hugo Chávez en 2006, et gouverneur de l’État pétrolier de Zulia (nord-ouest). Sa candidature suscite des réserves dans l’opposition. La cheffe de file de l’opposition, Maria Corina Machado, déclarée inéligible alors qu’elle avait été massivement élue lors de primaires de l’opposition en octobre 2023 avait proposé une autre candidate, Corina Yoris, professeur de philosophie , âgée de 80 ans. Celle-ci s’est vue interdite d’accès à la déclaration de candidature, en ligne et au siège du Conseil national électoral, sans explication. Nicolás Maduro quant à lui brigue un troisième mandat et devrait se réjouir du désordre et de la nervosité qu’il a engendrés chez ses rivaux et adversaires. À l’heure où ces lignes sont écrites (27 mars), il est difficile d’affirmer que les treize candidatures acceptées sont définitives.
La candidature d’Edmondo Gonzalez Urrutia a été retenue hors des délais fixés initialement par le CNE. Rien n’interdit donc de penser que le dialogue entre le pouvoir et l’opposition puisse repousser le délai. Ce dialogue est placé sous les auspices de plusieurs pays parmi lesquels on compte le Brésil, l’Argentine, la Colombie , la Norvège et le Haut commissaire de l’Union européenne. Rien n’est figé donc et cela a peu à voir avec le respect par le pouvoir des droits politiques et électoraux de l’opposition. On peut penser que les pressions internationales sur le gouvernement Maduro s’exercent de toutes parts : les USA, l’Union européenne, des pays latino-américains et même l’ONU se disent préoccupés par l’altération du processus de dialogue qu’ils ont encouragé et accompagné.
Ainsi le Brésil, la Colombie et l’Uruguay ont déjà dit leur « préoccupation » et le ministre des Affaires étrangères uruguayen a estimé que le Venezuela « se consolide en tant que dictature ». Plusieurs autres gouvernements d’Amérique latine (Argentine, Costa Rica, Équateur, Guatemala, Paraguay, Pérou et Uruguay) ont exprimé leur « grave préoccupation » face aux « obstacles persistants » rencontrés par les opposants. Quant à l’ONU, par la voix du porte-parole du Secrétaire général, Antonio Guterres, elle a appelé la communauté internationale à « continuer à s’engager avec les parties en faveur d’une feuille de route négociée ». « Nous regrettons tout développement susceptible d’entraver les garanties électorales et rappelons la nécessité de garantir le droit de voter et d’être élu », a-t-il ajouté. Enfin, les États-Unis se sont également dits « très préoccupés » par le blocage de la candidature de Corina Yoris. À ce stade, le pouvoir de Maduro a réussi à désunir l’opposition. Il risque aussi de désunir les gouvernements latino-américains. La désapprobation internationale et le retour des sanctions économiques auront-elles un effet favorable sur les élections ? Le cours élevé du pétrole, sa rareté, les intérêts de l’oligarchie bolivarienne et les alliances géopolitiques avec certains États non démocratiques incitent à en douter.
Maurice NAHORY