Le 1er février 2024, l’Observatoire de l’Argentine contemporaine s’est réuni à la Maison de l’Amérique latine, à l’occasion de la publication de son premier ouvrage, recensant douze années cruciales de travail, de 2001 et 2012. Il a été également l’occasion de faire un point sur la situation actuelle, alors que Javier Milei est devenu président de l’Argentine au mois de décembre 2023, et de faire un pas vers ce que deviendra l’Observatoire à l’avenir.
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La présentation de la rencontre a été réalisée par la fondatrice de l’Observatoire, Diana Quattrocchi-Woisson, chargée de recherche au CNRS et à l’Institut des Sciences Sociales du Politique à l’Université Paris ouest-Nanterre-La Défense, qui a écrit de nombreux ouvrages sur l’Argentine et qui a milité pour relayer sur le devant des débats l’actualité de ce pays en France, pour la liberté et pour les droits de l’homme en Argentine.
Diana Quattrocchi-Woisson a d’abord rappelé les origines de l’Observatoire, fondé deux mois avant le début de la crise de 2001 en Argentine. A la suite de celle-ci, une série de conférences, en majorité hébergées par la Maison de l’Amérique latine, furent organisées par l’Observatoire, en présence de personnes issues de champs multidisciplinaires : monde politique, monde universitaire, monde artistique, société civile… L’observatoire a aussi relevé sa participation à l’inauguration de la plaque commémorative portant la mention « Nunca Más » (« plus jamais » en espagnol) en « hommage aux citoyens argentins et français enlevés et détenus et disparus en Argentine sous la dictature militaire (1976-1983) » dans la station Argentine sur la ligne une du métro à Paris ainsi qu’à la création du jardin des Mères-et-Grands-Mères-de-la-place-de-Mai dans le 15ème arrondissement, inauguré en 2008 en présence de Cristina Kirchner, alors Présidente de l’Argentine.
Diana Quattrocchi-Woisson a dressé un parallèle entre les 20 décembre 2001 et les 20 décembre 2023 en Argentine, le 20 décembre se révélant ainsi une date malheureuse pour les Argentins, l’histoire ne manquant pas d’exemples pour illustrer cela. Cela a ouvert la voie à l’analyse de l’actualité de Carlos Schmerkin, deuxième intervenant de cette rencontre de l’Observatoire, journaliste dans la rubrique Argentine du blog de Médiapart et membre cofondateur de l’Observatoire. « Le gouvernement actuel a des tendances néolibérales, fascistes, et narco capitalistes, c’est la première fois que ces trois caractéristiques sont rassemblées au sein d’un même gouvernement », a-t-il affirmé. Néanmoins, ce « phénomène » qui rassemble ces trois attributs au sein d’un même gouvernement dépasse le simple caractère argentin selon lui.
Le troisième temps de cette rencontre fut consacré à la présentation du livre récent consacré à 12 années de travail de l’observatoire intitulé L’Observatoire de l’Argentine Contemporaine 2001-2012 par Jean-François Dray. Le livre a en effet été édité par Agami (Association pour la Gestion Artistique de la Mémoire Individuelle et Institutionnelle), dont Jean-François Dray est le responsable éditorial.
Alors que l’Argentine a fêté ses 40 ans de démocratie au mois de novembre, l’Observatoire a saisi l’opportunité de mettre en avant ce bilan de ses 12 premières années de travail sur l’Argentine contemporaine. « C’est aussi un témoignage de la passion collective suscitée à Paris pour l’Argentine tant pour son passé, son présent que son futur », lit-on sur la quatrième page de couverture du livre. Le travail de l’Observatoire de l’Argentine de veille et d’analyse a permis à la situation contemporaine argentine d’avoir une place de premier choix dans les débats sur l’actualité en France pendant ces années-là. Le livre comporte ainsi un album photo souvenirs, de nombreuses publications scientifiques et spécialisées, des discours, une trentaine d’articles et un recueil de récits. Des ouvrages collectifs, et des réflexions croisées sont aussi mis à l’honneur. Le livre permet en définitive de laisser une trace écrite du travail de l’Observatoire entre 2001 et 2012 et rappelle que pendant cette période, une centaine de conférences ont été organisées, 300 conférenciers furent invités, ou encore la présence remarquable de Cristina Kirchner lors de la clôture d’un cycle de conférence de l’Observatoire.
Aujourd’hui, l’Observatoire de l’Argentine contemporaine cherche un nouveau souffle. Diana Quattrocchi-Woisson cèdera bientôt sa place de Présidente de l’Observatoire à Nathalie Fürstenberger, chercheuse et professeure en Histoire et Civilisations de l’Amérique latine et en Histoire culturelle de l’Argentine du XIXe siècle à l’université Paul Valéry de Montpellier, qui a par ailleurs travaillé sur les différents courants d’opinions et médias et influence de la mémoire. Elle sera accompagnée d’une nouvelle équipe parmi laquelle on peut citer David Copello, chercheur post-doctorant au laboratoire AGORA (CY Cergy Paris Université) et chercheur associé au Centre de Recherche et de Documentation des Amériques (CREDA), qui a réalisé sa thèse sur les usages politiques des droits humains par les gauches révolutionnaires argentines depuis les années 1970 ainsi que Aurélia Gafsi, actuellement thésarde sur la représentation et la mémoire des victimes de la dernière dictature militaire argentine (1976-1983) entre 2001 et 2019.
Julie DUCOS