Depuis 2018, la Banque Européenne d’Investissement réalise une enquête internationale sur le changement climatique. Cette étude vise à encourager la coopération et à rassembler la communauté financière autour d’une action commune en faveur du climat et des objectifs de développement durable.
Photo : Fondation Jean Jaurès
En cette année 2023, une enquête a été réalisée en ligne du 5 mai au 1er juin, dans 13 pays d’Amérique latine et des Caraïbes (le Pérou, le Mexique, la Colombie, l’Argentine, le Chili, le Paraguay, le Salvador, l’Equateur, le Brésil, le Costa Rica, le Panama, l’Uruguay et la République Dominicaine). Ce sont 10 587 personnes interrogées qui ont fait part de leur expérience et de leur connaissance des réalités écologiques, géographiques et sociales.
La question de l’écologie est fondamentale en Amérique du Sud et dans les Caraïbes puisque ces régions subissent déjà de plein fouet les menaces du changement climatique. Sur tout le sous-continent latino-américain, les phénomènes météorologiques sont exacerbés par des cycles d’El Niño et de La Niña entraînant canicules, sècheresses à répétition, feux de forêts, inondations et glissements de terrain… Ces événements touchent des populations déjà fragiles, générant des dommages économiques et renforçant les inégalités. Bien que le changement climatique ne constitue pas une priorité en comparaison aux questions des violences et du développement économique, l’enquête révèle une résurgence significative des préoccupations écologiques au sein des populations latino-américaines.
L’étude pose un certain nombre de questionnements, parmi lequels la possibilité d’entrevoir une spécificité latino-américaine, comme si la crise écologique était symptomatique d’un maldéveloppement à l’échelle régionale. On pourrait ainsi voir dans ces inégalités internes le reflet d’un rapport géopolitique complexe d’une région du monde n’ayant toujours pas conquis son autonomie internationale. Il semble alors difficile d’accepter les injonctions écologiques venues du monde développé, considéré comme responsable historique de la crise climatique. C’est par exemple dans cette démarche que s’inscrit le Brésil de Lula où la prise de conscience environnementale est prise en main par des organismes latinoamericains plutôt que par des organisations internationales. Le président n’a pas hésité à convoquer la notion de “colonialisme vert” (Guillaume Blanc) pour évoquer le caractère dominant et désincarné de la gestion écolgique par des pays du “Nord économique”.
Aux violences de la nature viennent s’ajouter celles des humains. Les activités industrielles, minières, l’agriculture intensive ou encore l’élevage extensif aggravent l’impact des violences environnementales en Amérique latine. Leurs responsables – entreprises locales, transnationales occidentales et chinoises – créent des richesses au prix de graves dommages causés à l’environnement, alimentant le changement climatique. L’enquête offre à la fois un panorama général des diverses questions environnementales qui secouent le continent latino-américain mais s’attache aussi à détailler avec davantage de précision les situations nationales de différents pays latino^américains. On pourra alors s’arrêter sur les études de cas de l’Argentine, du Brésil, du Chili, de la Colombie, du Mexique, du Pérou et de l’Uruguay.
Les résultats d’enquête sont décryptés par des experts latino-américains ; Josinaldo Aleixo, Ariel Bergamino, Osvaldo Bilbao Lobaton, Matthieu Cassan, Saúl Escobar Toledo, Lise Gasperi, Jean-Jacques Kourliandsky, Angélica Montes Montoya, Marcos Robledo Hoecker, Hayley Stevenson et Pilar Valenzuela Delplano.
D’après Fondation Jean-Jaurès
Pour lire l’enquête : https://www.jean-jaures.org/publication/enquete-climat-lopinion-en-amerique-latine/