Le 29 novembre dernier, le diplomate et politologue étasunien Henry Kissinger est décédé dans sa maison à Kent (Connecticut). Principalement reconnu pour avoir établi les fondements de la politique de « détente » avec l’URSS, Kissinger n’a toujours pas fait preuve de probité. Il a été aussi bien impliqué au renversement du président chilien de la Unité Populaire, Salvador Allende, le 11 septembre 1973.
Photo : Newyorkers
Henry Alfred Kissinger est né en 1923 en Allemagne, de parents juifs. Ces derniers ont émigré aux États-Unis pour échapper à l’Holocauste. D’abord interprète pour les services secrets étasuniens durant la Seconde Guerre Mondiale, il étudie par la suite les sciences politiques à Harvard. Il réussit à se hisser au sommet du pouvoir en étant nommé au Conseil de sécurité nationale en 1969. Jusqu’en 76, Kissinger a été l’un des conseillers les plus importants des présidents Nixon et Ford. Ses maîtres mots : la diplomatie du secret et la Realpolitik. En octobre 1973, Kissinger reçoit le Prix Nobel de la Paix, salué internationalement pour les négociations diplomatiques menées avec la République Démocratique du Vietnam qui ont débouché sur les accords de paix de Paris en 1973.
La déclassification d’archives historiques a permis de démontrer plus tard le rôle clef joué par le diplomate dans le scandale du Watergate, dans les crimes de guerre perpétrés en Asie du Sud-Est, et surtout dans le renversement du président chilien de la Unidad Popular, Salvador Allende, le 11 septembre 1973. Kissinger a ainsi reçu le prix Nobel de la Paix après avoir participé à l’organisation du coup d’État de Augusto Pinochet. Ces régimes militaires se sont alliés aux dirigeants d’autres dictatures pour s’impliquer dans une campagne d’assassinats, l’Opération Condor, organisée avec la CIA. La réception de la nouvelle de sa mort au Chili a provoqué de nombreuses réactions. Sur son compte X (anciennement Twitter) l’ambassadeur du Chili à Washington s’est exprimé avec ces mots : « La renommée historique de l’homme qui vient de décéder n’a jamais réussi à dissimuler sa profonde misère morale ».
D’après des dépêches,
Mathilde Azimont