Comme tous les trois ans, L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a publié ce mardi 5 décembre les résultats et analyses de son Programme international pour le suivi des acquis des élèves (PISA). Se basant sur les données de 80 pays, cette étude a pour objectif de mesurer l’efficacité et la validité des systèmes éducatifs ainsi que la performance des élèves de 15 ans. Il est également question de cibler les différents facteurs qui influencent les résultats. Il s’agit de la plus grande étude internationale dans le domaine de l’éducation.
Photo : Unesco
Les analyses du Rapport PISA se basent sur trois disciplines : les sciences, les mathématiques et la compréhension de l’écrit. Les baisses les plus significatives sont observées en mathématiques et en compréhension de l’écrit. En moyenne, on enregistre une baisse de 15 points pour les mathématiques dans l’ensemble des pays de l’OCDE et de 10 points pour la compréhension de l’écrit. Seuls quelques rares pays comme Singapour, Macao (Chine) ou encore le Japon sont parvenus à déjouer la tendance.
Bien que la pandémie de Covid-19 qui a largement frappé le milieu scolaire soit identifiée comme une des raisons majeures de ces baisses de niveau, les experts tendent à mettre en exergue d’autres facteurs qui s’inscrivent dans le long terme. L’étude s’arrête sur la perspective d’une “voie numérique” de l’apprentissage qui renvoie tout autant à des risques qu’à des possibilités selon le mot du rapport. Même si ¾ des élèves des pays de l’OCDE déclarent être à l’aise avec l’utilisation du numérique, cela inaugure un certain nombre de nouveaux défis pédagogiques. L’étude constate d’autres problématiques fondamentales comme le peu d’accès à la nourriture dans certains pays, les conditions financières des foyers et le harcèlement scolaire. La question du suivi pédagogique de la part des professeurs ou des parents, largement en baisse à l’échelle de la planète, est mentionnée comme un des facteurs les plus significatifs dans la baisse de résultats.
La France ne s’est pas démarquée positivement et a au contraire présenté des résultats modestes et bien en deçà des attentes. Le constat de l’OCDE est non équivoque : «Dans l’ensemble, les résultats de 2022 sont parmi les plus bas jamais mesurés par l’enquête Pisa dans les trois matières en France.». Autre donnée peu enviable, la France enregistre la baisse de niveau la plus importante jamais observée pour le pays depuis la première étude PISA, qui remonte maintenant à plus de 20 ans. La performance des élèves en mathématiques a en effet baissé de 21 points depuis 2018.
Cela est d’autant plus frappant du fait que l’analyse des performances en mathématiques a fait l’objet d’une plus grande insistance dans le cadre de cette édition 2022 du rapport PISA. On estime par ailleurs que la maîtrise des mathématiques est d’une importance capitale en ce qu’une personne compétente en cette matière est “capable de raisonner mathématiquement pour résoudre des problèmes complexes de la vie réelle” (Rapport PISA, Avant propos de Andreas Schleicher). La baisse vertigineuse du niveau en mathématiques est donc au cœur de grands questionnements à échelle planétaire.
Les experts de l’OCDE ont aussi porté l’accent sur le rapport entre les adolescents et leurs professeurs pour affirmer que «les pays où les élèves se sentent plus soutenus par leurs enseignants sont ceux où la chute en mathématiques est la moins forte». Du côté de l’hexagone, la faible implication parentale dans le suivi des jeunes pourrait être un des facteurs exogènes du déclin des performances. La France est aussi «l’un des pays de l’OCDE où le lien entre le statut socio-économique des élèves et la performance qu’ils obtiennent au Pisa est le plus fort». La violence scolaire a subi une légère hausse et constitue toujours un véritable point de vigilance. Selon le rapport, 9% des élèves français ont avoué avoir été victimes de violence au sein de leur établissement contre 8% dans la moyenne de l’OCDE).
Le Chili est le pays d’Amérique Latine qui se hisse en première position à l’échelle du continent avec une nette avance. Il a en effet enregistré de faibles baisses en comparaison à la parution du rapport PISA de 2018. Il a en effet perdu 6 points en mathématiques, 4 points en compréhension de l’écrit et aucun en sciences. Cependant comme l’ensemble des pays latino-americains, il se situe en dessous de la moyenne des pays de l’OCDE avec un score de 444 en sciences, 448 en compréhension de l’écrit et de 412 en maths. L’enquête PISA révèle aussi un écart de niveaux entre les garçons et les filles, les garçons semblent encore plus à l’aise en mathématiques alors que les filles dominent les résultats en compréhension de l’écrit.
Les différentes presses nationales qui jalonnent l’Amérique latine ont fait part de leur inquiétude après la parution du rapport PISA. 4 pays latino-américians figurent parmi les derniers du classement, il s’agit du Guatemala au 77ème rang, le Salvador à la 78ème position, la République Dominicaine (79) et le Paraguay (80). L’heure semble être à l’auto-dénigrement et à l’urgence. En Colombie notamment, le président Gustavo Petro, s’est exprimé à ce propos et à affirmé la nécessité de mettre en place une réforme éducative, il a ajouté que le système éducatif colombien de ce siècle a échoué et que l’éducation y est de mauvaise qualité. Ce postulat met en péril le développement durable du pays et de son économie, car cela questionne le processus d’adaptation au monde d’aujourd’hui chez les nouvelles générations.
Les médias argentins ont quant à eux pointé du doigt le foisonnement du numérique dans la vie des élèves, en ciblant l’usage toujours plus précoce de téléphones portables comme une menace pour l’apprentissage. En effet, selon le rapport, 30% des élèves seraient distraits par les appareils numériques. L’éducation semble dès lors constituer un enjeu extrêmement urgent dans un monde en constante mutation. Les pays accusent le coup de telles baisses de niveau scolaire mais la parution du rapport PISA permet de rappeler l’importance capitale de l’éducation pour construire un monde durable.
Synthèse du rapport PISA,
Carla ESTOPPEY