C’est un plaisir de vous accueillir toutes et tous à Bruxelles et de vous rendre la chaleureuse hospitalité que vous m’avez accordée lors des deux derniers sommets auxquels j’ai eu le privilège de participer, au Mexique et en Argentine. Je tiens à remercier le Premier ministre Gonsalves, actuel président de la CELAC, ainsi que le président Fernández, son prédécesseur, pour leur étroite coopération qui a permis de préparer un sommet couronné de succès.
Photo : Presse Bruxelles
Selon les mots de l’écrivain argentin Jorge Luis Borges: « Contrairement à l’amour, l’amitié se passe de fréquence ». Notre réunion de ce jour en est la preuve. Huit ans se sont écoulés depuis notre dernier sommet UE-CELAC. Je peux pourtant sentir – et nous pouvons toutes et tous sentir – l’énergie, l’enthousiasme et, oui, l’amitié entre nos continents. Aujourd’hui, le monde est très différent de ce qu’il était en 2015. Ces dernières années, nous avons été témoins des ravages du changement climatique, d’une pandémie mondiale et, à présent, de la guerre contre l’Ukraine.
Aujourd’hui, le changement climatique prend notre planète à la gorge. Et notre planète se bat pour chaque souffle, face à des températures caniculaires, des incendies de forêt ravageurs et des inondations massives. Sur votre continent comme sur le nôtre, des pays sont menacés par l’élévation dramatique du niveau de la mer – c’est le cas notamment dans les Caraïbes. Ensemble, nous devons agir de toute urgence et avec détermination.
La COVID-19 a durement frappé nos continents. Quel que soit l’endroit où nous vivons, à Rome ou à Mexico, à Varsovie ou à Rio de Janeiro, nous avons été confrontés à ses ravages. Nos sociétés et nos économies ont été meurtries par les confinements, ce qui a creusé les inégalités et poussé les plus pauvres du monde à s’endetter davantage.
Il existe une autre différence importante entre aujourd’hui et 2015. À l’heure où nous parlons, un membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU attaque un pays voisin. La guerre illégale menée par la Russie contre l’Ukraine est une tragédie pour l’Ukraine et pour le monde, qui a des conséquences dévastatrices sur la sécurité alimentaire, les prix de l’énergie et l’économie mondiale. Cette guerre viole de manière flagrante les principes fondamentaux de la charte des Nations unies. Et la grande majorité des pays de l’Assemblée générale des Nations unies ont voté plusieurs résolutions condamnant cette guerre illégale. Tous les pays de notre planète doivent être en sécurité. C’est pourquoi nous ne pouvons pas laisser la Russie parvenir à ses fins. Ce serait un désastre pour le multilatéralisme et notre système fondé sur des règles.
Nous devons en outre rendre notre système financier international plus juste. Le système actuel n’est tout simplement pas équitable. Nous voulons donc coopérer davantage avec vous toutes et tous pour réformer l’architecture financière internationale et combler le fossé entre riches et pauvres. Le récent Sommet de Paris pour un nouveau pacte financier mondial a permis de lancer de nouvelles idées. Et la Première ministre de la Barbade, Mme Mottley, ainsi que le secrétaire général de l’ONU, M. Guterres, ont plaidé résolument en ce sens. Vous pouvez compter sur l’UE.
Nous croyons en un monde multipolaire. Nous ne voulons pas d’un monde bipolaire, qui serait souvent aux dépens de nos intérêts et de notre autonomie. Mais nous ne devons jamais oublier qui nous sommes et ce que nous représentons. Les dirigeantes et les dirigeants ici présents aujourd’hui représentent un milliard de personnes et plus de 20 % du PIB mondial. Nous partageons des racines, des valeurs et une culture communes ainsi que des liens économiques et sociaux étroits. Et nous sommes une force puissante au sein de l’Assemblée générale des Nations unies, pour défendre la démocratie, le multilatéralisme et les droits de l’homme.
Nous sommes également des partenaires proches en matière de commerce et d’investissement, disposant d’un potentiel inexploité considérable. Ensemble, nous pouvons en faire beaucoup plus pour le bien de nos continents comme de nos citoyens.
Les défis auxquels nous sommes confrontés sont urgents et complexes. Nous ne pouvons pas laisser s’écouler huit années supplémentaires avant notre prochain sommet. Des sommets plus réguliers — tous les deux ans — et un mécanisme permanent de coordination garantiront des progrès constants. En nous unissant, nous pouvons développer des économies propres qui soient bénéfiques pour notre planète et mettre en œuvre une transformation numérique qui soit le moteur du progrès de nos économies et de nos sociétés. Et surtout, toujours au service du bien-être des citoyens, un modèle économique centré sur l’humain. Pour assurer le succès de nos transitions écologique et numérique, nous avons besoin d’un programme d’investissement ambitieux. Nous avons besoin de partenariats pour des projets porteurs de transformation qui promeuvent nos objectifs de développement durable et l’accord de Paris.
Enfin, ce sommet devrait nous aider à faire avancer les accords commerciaux avec le Chili, le Mexique et le Mercosur. Ces accords commerciaux ont le potentiel de nous rapprocher. Et de renforcer nos liens, en particulier compte tenu des tensions croissantes et des perturbations des chaînes d’approvisionnement qui se produisent actuellement.
Aujourd’hui, nous donnons un nouvel élan à la dynamique visant à tisser des liens entre nos deux continents. Guidés par nos convictions concernant la démocratie, les libertés individuelles et des sociétés équitables, ensemble, nous pouvons faire en sorte que le monde soit plus pacifique et plus prospère. Je vous remercie.
Charles MICHEL