Que peut la plume de l’écrivain face aux pires atrocités de notre époque ? C’est habité par cette question que Mario Vargas Llosa s’est rendu en Irak en juin 2003, au tout début d’une guerre qui durera huit ans. Pendant douze jours, il confrontera ses convictions à la réalité du conflit. Ce texte a été écrit à l’été 2003, au tout début de la guerre d’Irak. Les années qui ont suivi ont pu apporter des rectifications aux positions affichées par l’auteur, qui a toutefois souhaité conserver l’authenticité́ de sa pensée d’alors.
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Interroger les civils à cette époque-là et dans ce lieu-là, c’est interroger tous les civils de toutes les guerres – c’est rendre leur parole aux femmes et aux hommes que les intérêts géopolitiques étouffent. À partir des témoignages recueillis, Mario Vargas Llosa a rédigé une magnifique série de reportages, réunis aujourd’hui intégralement dans ce livre. Il interroge la difficulté à penser la guerre au moment où elle se produit et confronte la réalité vécue par les populations à l’idéal démocratique occidental qui commande certains conflits. Mario Vargas Llosa, né en 1936 au Pérou, a vécu notamment à Madrid, Paris, Londres ou Barcelone. Prix Nobel de Littérature en 2010, il est l’une des figures les plus reconnues de la littérature mondiale. Romancier, dramaturge et essayiste, ses œuvres ont été couronnées par les plus prestigieux des prix littéraires. Il a été élu membre de l’Académie française en 2021.
Mot de l’éditrice
Les Éditions de La Martinière sont très honorées d’accueillir pour la première fois en leur sein un ouvrage de Mario Vargas Llosa, prix Nobel de littérature et membre de l’Académie française. Plusieurs fois primé pour son œuvre romanesque, Mario Vargas Llosa est aussi un écrivain engagé dans son siècle, qui aura voulu se colleter avec la réalité la plus sombre de son époque. Durant l’été 2003, il part effectuer un reportage de douze jours en Irak. Nous sommes alors au tout début de la seconde guerre du Golfe, dont personne ne se doute qu’elle durera huit longues années. Clairement opposé à l’intervention anglo-américaine avant son voyage, il veut aller vérifier que « les arguments pour condamner l’opération militaire sont toujours aussi convaincants que lorsque [il] réfléchissait dans l’abstrait, en Europe, loin du théâtre des opérations ». Peut-on penser la guerre au moment où elle se produit ? Que peut le verbe d’un écrivain face au déferlement des tragédies, des positions antagonistes, d’un évènement en perpétuelle réinterprétation ? Que reste-t-il de ces mots jetés sur le papier vingt ans plus tard, quand une autre guerre qui vient de commencer, plus proche de nous, interroge de nouveau nos rôles, nos peurs, nos certitudes ? Les rues de Bagdad ne sont pas celles de Kiev, mais la voix des civils, elle, n’est pas si différente. C’est à elle que Mario Vargas Llosa a voulu donner son écho.
D’après l’éditeur
Journal de guerre par Mario Vargas Llosa de l’Académie française – Prix Nobel de littérature, traduit de l’espagnol par Annie Vignal – Préface d’Albert Bensoussan. Extraits, aux éditions de La Martinière, 132 p. 18 euros.