L’agence IP d’Asunción et le Secrétariat national de la culture du Paraguay ont communiqué avec regret le décès le 12 avril de l’artiste et sculpteur indigène Nivaclé, Marcos Ortiz. Il avait 70 ans. Ses dessins ont été exposés en France par la Fondation Cartier et en Europe.
Photo : Fondation Cartier
Marcos Ortiz est né en 1952 en el Chaco, au Paraguay. Ses parents, originaires du fleuve Pilcomayo, rendaient visite à leurs parents Maká dans le Chaco, lorsque Marcos est né. Il était le deuxième de sept enfants. Marcos passa son enfance parmi les Maká, à l’école missionnaire élémentaire Yalve Sanga. Lorsqu’il finit l’école primaire Marcos s’est mis à travailler la terre comme journalier.
À son mariage il déménage a Yíclócat, où il connut un sculpteur de l’ethnie Wichi qui lui apprend l’art de travailler le bois. Il aimait sculpter de petits animaux et, parmi ses préférés se trouvaient les petits cochons sauvages qu’il observait dans son environnement le plus proche. Il obtint un prix pour ses sculptures lors d’un concours de Noël de la Forêt de Hermann Guggiari. Ce prix l’encouragea à continuer, mais plus tard son parent Estebán lui demanda de dessiner ces animaux : des cochons, taguas et petits renards sauvages.
Toujours jovial et joyeux, Il est devenu un artiste reconnu pour son talent. Marcos Ortiz, membre des «Artistes et peuples originaires du Chaco », a participé à faire connaître la très fine sensibilité du peuple Nivaclé qui a produit de nombreux artistes. Sa disparition a provoqué une profonde consternation et douleur dans sa communauté et parmi tous ceux qui ont connu son art et sa générosité. Il laisse des œuvres où l’on peut apprécier des admirables paysages du Chaco. Ces œuvres ont été « dessinées avec maestria », déclare le communiqué officiel du portefeuille de la Culture.
L’art de Marcos Ortiz a été exhibé dans divers musées au niveau national et international, au Paraguay, en Amérique latine. L’exposition « Bosques vivos » (Forêts vivantes) au Chili, au Centre culturel de la Moneda, dans le cadre de la Biennale Sud, en est un exemple. Nous l’avions découvert lors de l’exposition « Géométrie Sud » à la Fondation Cartier, en décembre 2018. Récemment il avait également participé avec d’autres artistes indigènes du Paraguay lors d’une grande muestra au Musée Britannique, de Londres.
Marcos Ortiz rêvait d’une maison plus grande pour pouvoir travailler à l’intérieur car il devait le faire à l’ombre d’un arbre pour se protéger de la chaleur du Chaco. Sa maison était petite et une partie de celle-ci était composée de toiles de tentes et de bric-à-brac. Sa table de travail était un tabouret en fer sur lequel il plaçait une planche en bois. Assis sur sa chaise, il observait longuement la nature et puis il dessinait.
Lui-même racontait comment il s’organisait : « Premièrement, j’étudiais et pensais sur quoi je souhaitais travailler. Je voyais passer beaucoup de choses dans ma tête, je voyais un petit cochon et d’autres animaux. Le plus difficile à dessiner c’étaient les collines (el monte) pour les feuilles des arbres et l’herbe qui couvrait la montagne. Je traçais d’abord les lignes avec un crayon et ensuite je les peignais au stylo bille. Je mettais deux jours pour finir un dessin« .
Il s’inspirait de la nature et de son environnement, les arbres de son patio, lorsque la lumière passait au travers des branches et des feuilles. Parfois, il allait à la montagne pour observer la forme des arbres et arbustes. Il dessinait pour gagner de quoi vivre mais ce qu’il gagnait ne lui permettait que de couvrir les éléments les plus basiques, acheter de la viande devenait difficile pour lui. Il disait souhaiter gagner un peu plus pour améliorer ses conditions de vie. Ça faisait seulement 13 jours que l’œuvre de Marcos Ortiz faisait partie d’Indigenous Collective Artes Vivas organisé par le Musée Britannique.
Olga BARRY
Link sur le Musée Britanic