Le samedi 11 mars dernier le nouveau président du Chili Gabriel Boric Font, a lu depuis le palais de La Moneda son premier message présidentiel et salué la population présente sur la place de la Constitution. Deux représentantes de notre équipe étaient parmi les journalistes accrédités. Nous remercions le service de presse de la présidence du Chili de nous avoir transmis très rapidement le discours que nous avons traduit en français.
Photo : Palais de La Moneda
Chiliennes et Chiliens, habitants de notre patrie, peuple du Chili. Cet après-midi, pour la première fois, je m’adresse à vous en tant que président de la République, président de toutes celles et tous ceux qui habitent ce pays que nous aimons tant, et combien nous l’aimons ce pays qui a tant souffert, et qui nous a donné tant de joies. Merci infiniment de me faire cet honneur, à vous, à ceux qui nous regardent de chez eux depuis les quatre coins de notre pays, à ma famille qui m’a soutenu, à notre nouveau gouvernement, nos équipes et aussi, tout particulièrement, à Irina.
Ce Chili, constitué de divers peuples-nations, installé sur une corniche du continent, entre les chaînes de montagnes imposantes et son océan magique, entre le désert de vie et les glaciers antarctiques, enrichi et transformé par le travail de son peuple. Dans ce Chili qui seulement en une poignée d’années, et vous l’avez vécu, a dû traverser des tremblements de terre, des catastrophes, des crises, des convulsions, une pandémie mondiale, et les violations des droits de l’homme qui jamais plus ne devraient se répéter dans notre pays. Mais dans lequel toujours, toujours nous secouons la poussière, nous séchons les larmes, nous esquissons ensemble un sourire, nous remontons nos manches et nous allons de l’avant, Chiliens et Chiliennes, toujours nous allons de l’avant.
L’émotion que j’ai ressentie aujourd’hui à traverser la Place de la Constitution et à entrer dans ce Palais de La Moneda, est profonde et j’ai besoin existentiellement de la partager avec vous. Vous êtes protagonistes de ce processus, vous le peuple du Chili, nous ne serions pas ici sans vos mobilisations. Et je veux que vous sachiez que nous ne sommes pas arrivés ici seulement pour exercer des fonctions et nous laisser aller entre nous, en engendrant des distances inaccessibles, nous sommes arrivés ici pour nous livrer corps et âme à l’engagement de rendre la vie meilleure dans notre patrie.
Je veux vous dire, chers compatriotes, que j’ai vu vos visages en parcourant notre pays, ceux des personnes âgées dont la pension ne suffit pas pour vivre parce que certains ont décidé de faire de la prévoyance un négoce. Ceux des malades et leurs familles qui n’ont pas de quoi financer les traitements médicaux. Combien d’entre vous nous en ont parlé, nous ont regardés dans les yeux.
Ceux des étudiants endettés, ceux des paysannes et des paysans sans eau à cause de la sècheresse et du pillage. Ceux des femmes qui soignent leurs enfants atteints d’autisme, que j’ai rencontré dans chaque coin du Chili. À leurs proches prostrés, à leurs bébés sans défense. Ceux des familles qui continuent de rechercher leurs détenus disparus que nous ne cesserons pas de chercher. Ceux des dissidences et des diversités de genre qui ont été discriminés et exclus pendant tant de temps. Ceux des artistes qui ne peuvent pas vivre de leur travail parce que la culture n’est pas assez valorisée dans notre pays. Ceux de nos leaderssociaux qui luttent pour le droit à un logement digne dans les quartiers pauvres du Chili. Ceux des peuples originaires dépouillés de leur terre, mais jamais, jamais dépouillés de leur histoire. Ceux de la classe moyenne assommée, ceux des enfants de Séname(1) : jamais plus, jamais ! Les visages des zones les plus isolées de notre pays comme le Magallanes d’où je viens, ceux de ceux qui vivent dans la pauvreté oubliée.
Avec vous, tel est notre engagement.
Aujourd’hui, nous commençons une ère de grands défis, d’immense responsabilité, mais nous ne partons pas de zéro, nous ne partons pas de zéro. Le Chili a une longue histoire et aujourd’hui, en ce jour nous nous insérons dans la longue histoire de notre République. Commencer mon mandat comme président constitutionnel de la République du Chili, c’est me faire entrer, nous faire entrer dans une histoire qui nous dépasse tous, mais qui en même temps façonne, donne sens et direction à notre regard.
Par ici, sont passés avant nous des milliers de personnes qui ont rendu possible l’élargissement de l’éducation publique, la reconnaissance progressive des droits des femmes et des dissidences dans le pays et à la maison, la démocratisation du pays, la reconnaissance des droits sociaux. Par ici, dans ce lieu même d’où je vous parle aujourd’hui, est passé Balmaceda (2) et sa dignité chilienne, Pedro Aguirre Cerda et son « gouverner c’est éduquer » où il citait Valentin Letelier. Par ici, est passé aussi Eduardo Frei Montalva et la promotion populaire, le compagnon Salvador Allende et la nationalisation du cuivre, Patricio Aylwin et la récupération de la démocratie, Michelle Bachelet qui a ouvert des chemins inexplorés dans la protection sociale. Ici, on entend aussi les échos de ceux qui anonymement se sont levés contre l’oppression, défendant les droits de l’homme, exigeant la vérité, la justice, la réparation et l’assurance que cela ne se répète pas. Par ici résonne la clameur féministe et sa lutte pour l’égalité. Et certains se souviendront aussi des 1 800 heures passées à courir autour de la Moneda pour défendre l’éducation.
Mais ces façades ont aussi été témoins de l’horreur d’un passé de violence et d’oppression que nous n’avons pas oublié et que nous n’oublierons pas. De là où nous parlons aujourd’hui, des roquettes sont entrées hier et cela jamais plus ne peut se répéter dans notre histoire. Ce palais, cette place, cette ville, ce pays ont une histoire, et à cette histoire nous nous devons. Aujourd’hui, en cette journée si importante sur le difficile, difficile chemin des changements que les citoyens ont décidé de mettre en marche tous ensemble, je répète, c’est important, tous ensemble, me viennent à l’esprit et au cœur, les jours où, aux côtés de ceux qui sont ici présents, et certainement aussi de ceux qui nous regardent chez eux, nous marchions ensemble vers un futur digne.Vers où marchions-nous, chers compatriotes ? Vers où marchions-nous ?
Ce gouvernement ne sera pas la fin de cette marche, nous allons continuer à avancer et le chemin, sans aucun doute, sera long et difficile, mais aujourd’hui, les rêves de millions de personnes sont ici, en train de nous pousser, de donner un sens afin de conduire à bon port les changements que réclame la société.
Chiliennes et Chiliens,
Mon rêve est que lorsque nous terminerons notre mandat, et je parle au pluriel parce que cela n’est pas quelque chose d’individuel, cela ne concerne pas que moi, cela concerne le mandat que le peuple nous a donné pour ce projet collectif, pour que quand nous terminerions ce mandat, nous pussions regarder dans les yeux nos enfants, nos sœurs, nos parents, nos voisines, nos grands-parents, et que nous sentions que nous avons un pays qui nous protège, qui nous accueille, qui prend soin de nous, qui garantit nos droits et rétribue avec justice la contribution et le sacrifice que chacun d’entre vous, les habitants de notre patrie, faites pour le développement de notre société.
Je voudrais, chers compatriotes même si dans les exemples on reste toujours trop limité, je voudrais, mes chers compatriotes, que les habitants de Puchuncavi et de Coronel puissent regarder vers le futur et savoir que leurs enfants ne vont pas grandir entourés par la pollution, c’est tellement fondamental. Que les gens, les travailleurs de Lota ne continuent pas à vivre dans la pauvreté. Que les communautés de cueilleurs d’algues et de pêcheurs artisanaux de la province de Cardenal Caro puissent continuer à développer leurs activités traditionnelles. Que les filles et les garçons de Alto Hospicio, là en haut, sachent qu’eux aussi pourront accéder à un logement digne. Que les voisins et voisines de Antofagasta, de Maipú, de Hualpén se sentent en sécurité en rentrant de leur travail, et qu’ils aient le temps de vivre ensemble avec leur famille. Pour cela, nous impulserons les 40 heures, comme nous nous y sommes engagés,. Que les jeunes de Juan Fernández, ce lieu isolé, insulaire puissent bénéficier d’un collège digne pour étudier.
Nous savons, chers compatriotes, que la réalisation de nos objectifs ne sera pas facile, que nous devrons faire face à des crises externes et internes, que nous commettrons des erreurs, et que ces erreurs nous devrons les corriger avec humilité en écoutant toujours ceux qui pensent différemment et en nous appuyant sur le peuple du Chili. Je veux vous dire que nous allons vivre des temps de grands défis, terriblement complexes. La pandémie poursuit son cours, avec un bilan de douleur et de pertes de vies qui vont nous accompagner pendant longtemps, et vous tous, certainement, connaissait quelqu’un qui s’en est allé à cause de la pandémie.
Pensons, pensons durant une seconde à ceux qui sont partis et qui nous ont laissés, pensons à la douleur qu’éprouve chaque famille dans son intimité pour celui qui est parti et qui ne reviendra plus. Nous devons nous embrasser comme société, nous aimer à nouveau, retrouver le sourure, et cela, bien au-delà des discours et bien au-delà de ce qui est écrit; en effet, comme c’est important, comme c’est différent lorsqu’au sein d’un peuple, on s’aime, on prend soin les uns des autres, on ne se méfié pas les uns des autres mais au contraire on se soutient. Nous demandons à notre voisin comment il va, nous soutenons le travailleur d’à côté, nous voulons aller de l’avant tous ensemble. C’est cela que nous devons construire, mes chers compatriotes.
Nous savons aussi que l’économie continue de subir les effets de la crise et que le pays a besoin de se remettre sur pied, de croître et de répartir de manière équitable les fruits de cette croissance, parce que lorsqu’il n’y a pas distribution de la richesse, quand la richesse se concentre seulement entre un petit nombre, la rétribution est très difficile. Nous avons besoin de redistribuer la richesse que les Chiliens et les Chiliennes produisent et que produisent ceux qui habitent notre patrie.
Nous savons que à toutes ces difficultés s’ajoute un contexte international marqué par la violence dans beaucoup d’endroits du monde, et aussi aujourd’hui par la guerre. Sur ce point, je veux être très clair : le Chili, notre pays promouvra toujours le respect des droits humains en tout lieu sans tenir compte de la couleur du gouvernement qui les bafoue.
Depuis le Chili, dans notre Amérique latine – parce que nous sommes profondément latino-américains et cessons de regarder avec distance nos pays voisins, nous sommes profondément latino-américains et je salue nos peuples frères – depuis ici, depuis ce continent, nous ferons des efforts pour que la voix du Sud soit entendue à nouveau comme une voix ferme dans un monde changeant.
Les défis sont si nombreux : l’urgence climatique, les processus migratoires, la globalisation économique, la crise énergétique, la violence permanente contre les femmes y les diversités de genre. Nous devons travailler ensemble avec nos peuples frères, comme nous l’avons partagé aujourd’hui avec les présidents des autres pays. Ne nous regardons plus jamais de haut, plus jamais avec défiance, travaillons ensemble en Amérique latine pour aller de l’avant, ensemble.
Nous pratiquerons, chers compatriotes, l’autonomie politique au niveau international, sans jamais nous subordonner à une autre puissance et en prenant toujours soin de maintenir la coordination et la coopération entre les peuples.
Je veux que l’on sache que moi, comme président du Chili, notre gouvernement, nos équipes nous ne tournerons pas le dos aux problèmes, nous allons expliquer, nous allons parler avec vous pour vous dire le pourquoi de nos décisions, pour que vous preniez part aussi aux solutions. Et cela implique aussi de changer en quelque sorte la relation que l’on a avec les autorités, les autorités ne peuvent pas rester inaccessibles ; nous voulons des ministres sur le terrain, dans la rue, près des gens. Nous ne voulons pas rendre aux régions une visite de quelques heures seulement pour inaugurer des travaux et puis, au revoir. Écouter, ne pas rester cachés.
Et pour cela, il est important qu’il y ait aussi une réciprocité, c’est-à-dire, que la relation avec les autorités ne soit pas une relation de consommateurs, que nous travaillions ensemble, que nous soyons des citoyens et que ce soit un gouvernement du peuple, et que vous le perceviez comme votre gouvernement, celui de toutes et de tous. Et pour cela, nous allons avoir besoin de tous, gouvernement et opposition, institutions et société civile, mouvements sociaux. Notre gouvernement, dont la base politique est Apruebo Dignidad salue aussi nos compagnons qui ont tant travaillé pour cela et les partis de Convergencia Progresista.
Je veux que l’on sache que ce gouvernement ne se limite pas, oui qu’il ne se limite pas à ses adhérents. Je serai le Président de tous les Chiliens et Chiliennes, et j’écouterai toujours les critiques constructives et les propositions de ceux qui pensent différemment de nous, ceux qui toujours, toujours se verront garantis la liberté et le droit de ne pas être d’accord.
Comme je l’ai dit plus d’une fois, nous n’oublions pas d’où nous venons, en citant les paroles nées dans la chaleur des mobilisations dans un collège pris par les élèves dans une commune, loin, dans une région perdue, parce que nous venons des mobilisations ; aujourd’hui nous sommes ici.
Nous avançons lentement parce que nous allons loin, nous avançons lentement parce que nous allons loin, mais nous n’allons pas seuls mais avec vous tous, hommes, femmes et enfants qui nous accompagnez aujourd’hui sur cette place à travers vos écrans, dans vos maisons, peut-être sur vos téléphones portables, sur vos ordinateurs, d’où que vous soyez en train de nous regarder ou encore à l’étranger, d’où aussi que vous nous suivez avec la nostalgie de votre Chili aimé, parce qu’il est important, comme je l’ai répété plusieurs fois dans ce discours, que vous preniez part à ce processus car nous ne pouvons pas le faire seuls.
Depuis ce lieu, je veux lancer à tous et à toutes un appel à ce que vous nous accompagniez dans cette tâche. Cheminons tous sur la route de l’espérance et construisons tous le changement pour un pays qui soit digne et juste. Dignité, qu’il est joli, ce mot. Nous le construirons pas à pas, avec la sagesse de celui qui sait que les changements qui durent sont ceux qui prennent appui sur le savoir accumulé et qui sont soutenus par la grande majorité.
Nous porterons spécialement notre attention comme je l’ai signalé, sur les effets que la pandémie a eus sur le système de santé, sur les travailleurs et travailleuses qui nous ont protégés et soignés, sur les listes d’attente qui génèrent tant d’angoisse dans les familles.
Nous allons poursuivre également la stratégie de vaccination réussie du gouvernement antérieur, en plaçant toujours la santé des personnes comme priorité première et nous mettrons aussi en place une stratégie spécifique pour prendre en compte les conséquences sur la santé mentale, parce que la santé mentale importe aussi aux Chiliens et les Chiliennes. Nous allons nous préoccuper spécifiquement, de l’éducation, là où il y a eu une brèche gigantesque provoquée par l’obligation de fermer les écoles. Nous devons rouvrir les écoles pour que nos enfants se retrouvent, en établissant, bien sûr, toutes les conditions de sécurité pour que cela soit possible.
Nous allons mettre en œuvre, avec beaucoup d’énergie, la consolidation de notre économie, récupérer notre économie sans reproduire ses inégalités structurelles. Une croissance qui soit durable, jamais plus de zones de sacrifices…l’État aussi est responsable.
Nous voulons que les petites et moyennes entreprises qui génèrent de la valeur connaissent à nouveau la croissance, nous voulons en finir avec les abus qui si injustement, que si justement ont indigné notre peuple, et nous voulons générer à nouveau, ensemble, des emplois dignes en donnant suite aux bonnes idées d’autrefois.
Nous reconnaissons aussi que des millions de Chiliens et Chiliennes vivent aujourd’hui dans la crainte. Nous ne pouvons pas détourner notre regard de cette réalité, et nous allons faire face au problème de la délinquance en affrontant l’inégalité sociale qui en est l’origine et aussi, procéder à une réforme de la police pour qu’elle assure sa présence dans les lieux où cela est le plus nécessaire, pour qu’augmente l’efficacité des enquêtes et pour qu’elle se concentre sur les organisations criminelles et narcotrafiquants qui détruisent nos quartiers.
J’envoie un message à ceux qui ont fait de la délinquance quelque chose de courante et qui croient qu’ils peuvent vivre dans l’impunité. Je ne veux pas de phrases grandiloquentes, je veux leur dire que nous allons les affronter avec l’ensemble de la communauté.
Et je veux dire aussi, que nous aurons besoin de réparer les blessures qui sont restées de l’explosion sociale. Et pour cela, hier même, nous avons retiré les plaintes déposées au titre de la loi sur la Sécurité Intérieure de l’État parce que nous avons la conviction qu’en tant que Chiliens et Chiliennes nous devons nous retrouver à nouveau et nous allons travailler, nous allons travailler intensément sur cela ; nous en avons discuté avec les familles des prisonniers, et elles savent que nous travaillons sur ce sujet.
Nous savons, aussi, chers compatriotes, que nous affronterons de grands défis dans le Nord et dans le Sud. Dans le Nord, à cause de la crise migratoire où nous allons reprendre le contrôle de nos frontières et nous travaillerons ensemble avec nos pays frères pour aborder d’une manière collective les difficultés qu’implique l’exode de milliers d’êtres humains, n’oublions jamais que nous sommes tous des êtres humains, s’il vous plait.
Je veux dire aux gens de Colchane, aux habitants de Iquique, d’Antofagasta, de San Pedro qu’ils ne seront pas seuls, aux gens d’Arica, bien sûr. Je veux aussi dire que nous avons un problème dans le Sud. Le conflit qui n’est pas comme on le disait autrefois celui de la pacification de la Araucania, quel terme grossier et injuste. Et que plus tard certains désignaient comme le conflit mapuche, non messieurs, ce n’est pas le conflit mapuche, c’est le conflit entre l’Etat chilien et un peuple qui a le droit d’exister. Et là, la solution n’est pas, et ne sera pas la violence.
Nous travaillerons inlassablement pour reconstruire les confiances après tant de décennies, après tant de décennies d’abus et de spoliation. La reconnaissance du droit d’exister d’un peuple, avec tout ce que cela implique sera notre objectif et la voie sera celle du dialogue, de la paix, du droit et de l’empathie avec toutes les victimes, oui, avec toutes les victimes. Cultivons, cultivons la réciprocité, ne nous regardons pas comme des ennemis, nous devons nous rencontrer à nouveau.
Dans cette première année de gouvernement, nous nous sommes imposé aussi comme tâche d’accompagner avec enthousiasme notre processus constitutionnel pour lequel nous avons tant lutté. Nous allons appuyer avec fermeté le travail de la Convention. Nous avons besoin d’une Constitution qui nous unisse, que nous considérions comme nôtre, une Constitution qui, à la différence de celle qui nous fut imposée à feu et à sang par la dictature, naisse démocratiquement, de manière paritaire, avec la participation des peuples indigènes, une Constitution qui soit établie pour le présent et le futur, une Constitution qui soit faite et pour tous et non pour quelques-uns.
Je vous invite à nous écouter de bonne foi, sans caricatures, sans caricatures, prenons cela au sérieux, de quelque bord que nous soyons. Je le dis aussi pour nous-mêmes, écoutons-nous de bonne foi, sans caricatures pour que le referendum de sortie soit un point de rencontre et non de division et que nous puissions ici, avec le peuple, signer pour la première fois dans l’histoire du Chili, une Constitution démocratique, paritaire, avec la participation de toutes et de tous nos peuples.
Le monde nous observe. Je veux vous dire, Chiliennes et Chiliens que le peuple nous observe, le monde nous regarde et je suis certain que tous voient d’un œil complice ce qui est en train de se passer au Chili. Nous avons l’opportunité de contribuer humblement à la construction d’une société plus juste et je suis certain que nous serons à la hauteur de ce processus démocratique qui a été décidé par une immense majorité de citoyens, renouvelons ce résultat.
Chers habitants de notre terre,
J’assume aujourd’hui avec humilité et conscient des difficultés, le mandat que vous m’avez confié, je le fais aussi avec la conviction que en construisant collectivement une société plus digne, nous pourrons fonder une vie meilleure pour tous et toutes. Au Chili, personne n’est de trop, la démocratie que nous construisons ensemble et la vie dont nous rêvons peuvent seulement naître du vivre ensemble, du dialogue, de la démocratie, de la collaboration et non de l’exclusion.
Je sais que dans quatre ans le peuple du Chili nous jugera sur notre travail et non sur nos paroles et que comme disait un vieux poète, l’adjectif tue quand il ne donne pas la vie. Aujourd’hui, il était nécessaire de parler, demain tous ensemble, nous nous mettrons au travail.
Comme le prévoyait il y a presque cinquante ans Salvador Allende, nous sommes à nouveau, mes chers compatriotes, en train d’ouvrir de grandes alamedas par où passe l’homme libre, l’homme et la femme libres, pour construire une société meilleure. Allons de l’avant. Vive le Chili !
Palais de La Moneda au Chili
Traduit par Nathalie REVEL MARTIN
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