Au fil des mésaventures d’un anthropologue en faillite, dans son roman L’attrapeur d’oiseaux de Pedro Cesarino nous plonge dans l’enfer amazonien et livre une satire à la fois mordante et fantasmagorique de sa propre pratique.
Photo : Rivages
Au Brésil, près de la frontière colombienne, un anthropologue accomplit les derniers préparatifs d’une énième expédition qui doit lui permettre de recueillir l’histoire de l’attrapeur d’oiseaux, mystérieux mythe sur l’origine du monde, qui l’obsède. Quadra désenchanté́, c’est presque à contrecœur qu’il entreprend ce voyage éprouvant durant lequel, bien sûr, rien ne se passe comme prévu – d’autant que la mort du chef de sa famille indienne d’adoption et l’irruption d’un groupe de missionnaires nord-américains viennent compliquer encore davantage ses projets.
Peu à peu, l’incompréhension s’installe, la tension monte… et le piège se referme. De faux pas en impairs, aux prises avec un monde où la pensée rationnelle n’a plus cours, il va faire l’expérience fatidique des limites du langage et devenir le jouet de ses propres fantasmes. À la croisée entre la poésie profonde de Bernardo Carvalho et l’humour satirique de Nigel Barley, L’Attrapeur d’oiseaux signe l’entrée en littérature d’un des plus brillants anthropologues de sa génération.
Pedro Cesarino (São Paulo, 1977) est professeur à la faculté de philosophie, lettres et sciences humaines de l’Université de São Paulo. De ses nombreux séjours auprès des Marubo, une tribu amazonienne, il a tiré une étude approfondie sur le chamanisme en Amazonie, Oniska, publiée en 2011 au Brésil qui comporte des chants indigènes en langue originale et en traduction portugaise, librement adaptés dans L’Attrapeur d’oiseaux. Pedro Cesarino s’est spécialisé dans les relations entre anthropologie, art et littérature. Il a coécrit le scénario du film de Maya Da-Rin, La Fièvre (2019), portrait envoûtant d’un Amérindien déraciné dans le port de Manaus, au nord-ouest du Brésil, récompensé entre autres au festival de Locarno. L’Attrapeur d’oiseaux est sa première « fiction ethnologique ».
D’après l’éditeur
L’Attrapeur d’oiseaux de Pedro Cesarino aux édition Rivages dans la collection « Littérature étrangère ». Traduit du portugais (Brésil) par Hélène Melo, 152 p., 17 euros.