L’écrivain cubain Leonardo Padura vient de publier un nouveau roman, traduit en français, Poussière dans le vent aux éd. Métailié. Il réside à Cuba et il est venu en France pour la promotion de son dernier livre. Nous l’avons rencontré de passage à Lyon à la librairie Tramway dans le quartier de la Part-Dieu.
Photo : Espaces Latinos
L’écrivain cubain Leonardo Padura, nominé pour le Prix Médicis dans la catégorie roman étranger, en France, a effectué une tournée organisée par les éditions Métailié, pour présenter son passionnant dernier roman Poussière dans le vent (Como polvo en el viento, Tusquets editores), traduit de l’espagnol (Cuba) par René Solis. Espaces latinos a participé à l’une des conférences à la librairie Tramway, à Lyon. Dans une salle comble, l’écrivain a salué le public faisant preuve de son sens de l’humour. Il a tenu à ouvrir la présentation de son livre par une explication très didactique et précise du contexte historique et géopolitique dans lequel se déroule son roman. Il s’agit de la période spéciale débutée en 1989 avec la dissolution de l’Union soviétique, la chute du mur de Berlin ayant entraîné des conséquences immédiates et dévastatrices sur l’économie et la vie de l’île cubaine qui vivait sous perfusion, situation qui se prolonge encore aujourd’hui.
Poussière dans le vent est l’histoire d’un groupe d’amis cubains (le clan). Ils ont survécu tant bien que mal à l’exil, dispersés à travers le monde après le collapsus de leur pays et vivent la douleur du déracinement, de la séparation tout en essayant de maintenir des liens avec leur pays, leurs familles et amis. Mais, en même temps qu’ils vivent le traumatisme de cette diaspora, commence la douleur de la désintégration des liens uniquement soulagée par l’amitié et les fils invisibles de l’amour.
Un mois après les protestations sur l’île où des milliers des personnes ont envahi les rues de la Havane et des principales villes du pays pour protester contre la pénurie et, fait inédit, pour exiger plus de liberté, Leonardo Padura déclare dans de nombreuses entrevues et articles publiés en France et partout ailleurs : « lorsque la population demande la liberté, les choses deviennent très graves et qu’il faut entendre la clameur qui vient des entrailles du peuple ». Il se dit inquiet pour la polarisation politique extrême, pour l’indifférence des élites et il espère que la solution viendra des Cubains eux-mêmes.
À chaque fois qu’il est invité pour parler de son œuvre, l’écrivain doit répondre aux questions du public ou des journalistes sur la situation politique de Cuba. Il a raconté qu’une fois il n’y pas eu une seule intervention ou question, y compris de l’animateur, à propos du livre pour lequel il était invité : il a finalement dû prendre le livre dans ses mains et signaler qu’il l’avait écrit. Par le passé, ses réponses toujours honnêtes laissaient entrevoir une certaine prudence mais cette fois ses critiques envers la gestion du pays par le régime ont été très claires et directes. Poussière dans le vent est une galerie foisonnante et diverse où les protagonistes se croisent sur une période allant des années quatre-vingt-dix à aujourd’hui et s’interrogent sur ce qui leur est arrivé.
Olga BARRY
Poussière dans le vent par Leonardo Padura, traduit de l’espagnol (Cuba) par René Solis, éd. Métailié, 631 p., 24,20 euros.