Avec « Les Sentiers de l’oubli », la Chilienne Nicol Ruiz Benavides suit le parcours d’une veuve découvrant une autre voie que la vie routinière à laquelle elle se pensait condamnée. Le site Allociné a publié un entretien de la réalisatrice, réalisé par le cinéphile Vincent « Michel » Garnier.
Photo : AlloCiné
« Les Sentiers de l’oubli » est votre premier long métrage. Pouvez-vous résumer votre carrière ?
Je suis chilienne, née à Santiago, mais j’ai vécu toute mon enfance à Lautaro, où se situe le film. Les Sentiers de l’oubli est mon premier film et, depuis, j’ai réalisé une série télévisée. Dans le domaine cinématographique, la réalisation a toujours joué un rôle essentiel dans ma carrière. Déjà toute petite, j’aimais écrire des scénarios et tourner avec une Handycam pour le travail scolaire.
Votre film parle de gagner sa liberté et de vieillir…
J’ai toujours voulu parler du droit à la liberté des femmes mûres. J’ai été très frappée par le fait que j’ai rencontré beaucoup de femmes adultes plongées dans le rôle qu’on leur a assigné, dans leur rôle social, et personne ne leur a jamais demandé, pas même elles-mêmes, si c’était ce qu’elles voulaient. Alors j’ai pensé à ma liberté, à ce que c’est que d’avoir l’impression que vous n’appartenez pas, que vous êtes différent parce que vous ne rentrez pas dans le moule du dessein patriarcal. Et je voulais laisser entrevoir de l’espoir pour moi-même, pour les femmes que je connais et les femmes que je ne connais pas. Et c’est ainsi que j’ai développé l’histoire de Claudina.
Vous avez écrit le scénario, vous avez réalisé… et vous avez produit le film. Quelle a été la partie la plus difficile ?
Pour moi, les trois rôles signifiaient quelque chose de nouveau et impliquent des défis différents. En même temps, ils sont tous connectés et ont besoin les uns des autres. J’avais besoin de faire partie de chaque étape pour faire avancer le projet. Mon envie de raconter cette histoire était trop grande. Mais je n’étais pas seule. Il y avait Victor Rojas (directeur de la photographie), qui était fondamental à l’époque pour faire décoller ce film. Plus tard, il y a eu Catalina Fontecilla, et nous avions notre dream team. Le referais-je sans producteur depuis le début ? Je ne pense pas. Mais je ne regrette rien.
Comment avez-vous trouvé votre actrice principale ?
J’ai fait un casting où j’ai contacté une dizaine de femmes, que j’ai rencontrées pour prendre un café, parler du projet, et voir si nous avions un lien personnel. Étrangement, avec Rosa et Romana, rien de tout cela n’est arrivé (rires). Je savais qui était Rosa, la force d’incarnation qu’elle apporte, parce qu’elle est une formidable actrice de théâtre. Un jour, j’ai vu sa photo et son sourire, et j’ai pensé : « C’est comme cela que j’imagine Claudina. Je dois la rencontrer.» Et j’ai écrit un très long mail à Rosa parlant de ma vie, de ce que je cherchais avec cette histoire, et je me suis assise pour attendre de voir si elle me répondrait. Un jour, j’ai reçu sa réponse. C’était un autre long mail dans lequel elle expliquait ses réflexions sur la raison pour laquelle cette histoire était nécessaire, et c’est ainsi que notre amour est né. J’ai vu Romana dans une vidéo YouTube où elle apparaît en train de chanter à Miami. Avec son visage particulier et sa voix formidable, elle m’a fait penser à Elsa. Je savais qu’une femme avec son attitude donnerait beaucoup de force à ce personnage. Je l’ai donc contactée immédiatement pour lui proposer le rôle.
A quoi ressemble le cinéma au Chili ?
Quelle question difficile car le cinéma chilien est très diversifié dans les thèmes et les formats. Aujourd’hui, il est intéressant de noter que nous sommes plus à l’aise pour parler de différents sujets, principalement personnels, auxquels le public peut s’identifier.
Parlez-nous de votre prochain projet.
Je travaille actuellement sur mon prochain long métrage intitulé Quand la pluie ne me touche pas. C’est l’histoire d’un été dans la vie d’une fillette de sept ans, perturbée par la venue du petit ami de sa mère. Ses nuits sont peuplées d’apparitions monstrueuses et de fantômes. Le film racontera comment sa mère éradique ces monstres grâce au soutien des femmes de son quartier. Mon but est de parler du courage et de la puissance du mot « croire ».
D’après Allociné
Sentier de l’Oubli de Nicol Ruiz Benevides (Chili) avec Rosa Ramírez Ríos, Romana Satt, Gabriela Arancibia. Titre original La Nave del olvido. 1 h 11 – Drame – Romance.