Suite à l’incarcération irrégulière du jeune Pablo Faugier López, les habitants de la ville de Guadalajara au Mexique, ont utilisé les réseaux sociaux pour demander justice. Cet événement a démontré à quel point la viralité sur le Web peut être bénéfique pour un système de justice parfois déficient, tel que celui du Mexique.
Photo : change.org / DW
Le mardi 29 juin 2021, l’entreprise où Pablo travaillait a été la cible d’un cybercrime. Bien qu’il ait signalé le piratage à ses supérieurs, le jeune homme a été inculpé et « privé de sa liberté sans mandat d’arrêt, puis directement emmené en prison », selon sa famille. Depuis, Pablo a été mis en isolement. Les autorités pénitentiaires ont refusé la visite de sa mère en argumentant « qu’il doit rester en quarantaine pendant 15 jours à cause du Covid-19 ». Quelques jours plus tard, un juge a condamné Pablo et deux de ses collègues à 8 mois de prison préventive pour le crime d’abus de confiance, une mesure préventive « injuste, excessive et sans précèdent » selon ses proches.
C’est à cause de ce processus très irrégulier que la famille et amis de Pablo ont décidé de dénoncer cette injustice sur les réseaux sociaux. En utilisant la plateforme de pétitions en ligne Change.org, les citoyens ont été invités à signer pour demander l’examen de son cas dans le strict respect de la loi : « Nous exigeons que justice soit rendue à Pablo et que les autorités dévoilent la vérité dans le respect de la procédure, de notre Constitution et du Droit International ; ce faisant, elles garantiront l’intégrité et la protection des droits de l’homme pour Pablo et trouveront ceux qui ont planifié et exécuté le canular. Nous voulons que les responsables de ce crime soient punis. »
La pétition a vite circulé sur Internet, grâce à la mobilisation des connaissances de Pablo, ses amis, des étudiants et même des professeurs de son université (ITESO) et son lycée (Colegio Franco Mexicano). Pendant plusieurs jours, le visage de Pablo a circulé sur des plateformes comme Instagram, Twitter et Facebook sous le hashtag #JusticiaParaPablo (Justice pour Pablo). Grâce à cette forte diffusion, les principaux médias de l’État de Jalisco ont vite repris l’affaire, tel que les quotidiens Mural et Reforma, ainsi que les chaînes de télévision Televisa et TV Azteca.
Avec plus de 18 000 signatures recueillies, le jeune homme est libéré de prison le 8 juillet pour suivre la procédure légale depuis son domicile, comme cela aurait du être le cas depuis le début. Sa famille a insisté pour remercier les avocats pour leur travail, et surtout le soutien que les amis et les proches de Pablo lui ont apporté par Internet : « La société a fait entendre sa voix ». Quelques jours plus tard, ses collègues ont été libérées : l’une d’elles est mère de deux enfants et l’autre est enceinte.
Il faut tout de même souligner que l’action rapide des autorités suite à la mobilisation sur Internet est sans précédent. Le cas de Pablo n’est pas le premier à être diffusé de cette manière. Le système de pétitions en ligne ainsi que la diffusion par les réseaux sociaux sont souvent mobilisés au Mexique pour dénoncer les disparitions et les féminicides. Cependant, le cas de Pablo prouve à quel point la viralité sur le Web peut être bénéfique. En effet, le sentiment de communauté donne plus de force à leurs voix.
Amaranta ZERMEÑO
Depuis Guadalajara, Mexico