La coalition de centre-gauche remporte la première grande étape de décentralisation

Initialement prévues pour le 25 octobre 2020, les élections régionales chiliennes ont été maintes fois reportées au vu du contexte sanitaire. Finalement, les 15 et 16 mai 2021 se tenait le premier tour, la population étant appelée à élire ses seize représentants régionaux ; le second tour a eu lieu ce dimanche 13 juin dernier.

Photo : Centre Journal

Un événement vraiment historique ? À l’issue du second tour ce dimanche 13 juin, neuf représentants élus sont issus du centre gauche. Un événement historique dans le pays puisqu’auparavant les “intendants” étaient désignés par le pouvoir exécutif chilien dans une logique centralisée. En 2021, sous la présidence de Sebastián Piñera, ils auraient donc plutôt été choisis à la droite du spectre politique. Événement historique donc mais n’ayant pas créé de réel engouement au sein de la population en âge de voter. Sur les 13 millions d’électeurs que compte le Chili, seuls 2,5 millions se sont déplacés lors de ces élections en pleine pandémie et alors que la capitale est confinée et que le vaccin largement diffusé peine à ralentir la progression des contaminations. Cela place donc les nouvelles élections décentralisées à la triste première place de la moins importante participation depuis le retour de la démocratie en 1990. Un résultat logiquement contrasté à décrypter avec attention, du fait de ces 19.6 % de participation, selon Claudia Heiss, enseignante chercheuse en sciences politiques à l’Université du Chili à Santiago. 

Résultats et orientations politiques  

Sur les seize postes de représentants, treize étaient encore à pourvoir ce 13 juin. En effet, Andrea Macias du Parti socialiste, Jorge Flies de « Unidad Constituyente » (centre gauche) et Rodrigo Mundaca (indépendant) ont été élus dès le premier tour avec plus de 40 % des suffrages exprimés.  

De manière générale, ces élections confirment la chute d’influence des partis de droite et notamment du parti du président Sebastián Piñera,  »Chile Vamos », qui n’obtient qu’un seul gouverneur sur seize possible. Le journal El mostrador évoque même une droite « hors-jeu » et réduite au minimum de sa capacité d’expression alors que deux élections d’importance majeures restent à venir : les parlementaires et les présidentielles. Quinze régions dans l’opposition et une seule sous la couleur de « Chile Vamos«  de Sebastián Piñera, voilà un résultat qui, malgré la faible participation tout de même caractéristique des élections chiliennes, ne place pas la droite en bonne position pour les prochains scrutins majeurs. 

La décentralisation contrastée, le cas de Santiago  

Le Chili est un pays de grandes disparités, notamment territoriales ainsi que de densité de population. Le cas de Santiago est frappant puisque la région représente plus d’un tiers de la population totale du pays. Une donnée qui pourrait faire de la région de Santiago un tremplin aux élections présidentielles générales. Le scrutin de dimanche a consacré Claudio Orrego, candidat de centre gauche, comme nouveau gouverneur de la région avec plus de 52 % des suffrages exprimés au second tour.  

Par sa taille, la région de Santiago constitue pour le gouverneur une expérience pouvant s’apparenter à un tremplin vers « La Moneda » (le Palais présidentiel). C’est dans cet objectif et avec en mémoire les quatre défaites électorales consécutives de la droite, que la gauche et surtout le centre gauche s’affirment dans le futur paysage politique du pays.  

Finalement, ces élections amorcent une nouvelle page de l’histoire du pays puisque la politique s’ouvre un peu plus, la démocratie progresse et les citoyens obtiennent le droit de mieux choisir leurs représentants aux dépens d’un pouvoir fort et centralisé auparavant confié au président de la République.  L’entrée en fonction effective des présidents de régions aura lieu le 14 juillet prochain, ce qui ne laissera que quatre mois d’exercice aux partis et nouvelles coalitions pour convaincre en vue des élections présidentielles de novembre.  

Martin LE CHATELIER