Cuba, à notre époque. Elba est seule à La Havane, ses enfants sont partis à l’étranger en vue d’une autre vie, l’un à Miami et l’autre au Mexique. Elle souhaite les rejoindre en Floride mais ne réussit pas à obtenir de visa, étant considérée par les autorités comme une potentielle émigrante. C’est alors qu’une nouvelle lui parvient, au détour d’un café : le gouvernement espagnol octroierait la nationalité aux Cubains qui prouveront leur filiation espagnole.
Photo : éditions Emmanuelle Collas/Jean François Cadet
Cette «loi de la mémoire historique» résonne alors comme un coup de tonnerre dans la vie d’Elba qui se lance dans une double quête, celle de la nationalité espagnole et celle, intrinsèquement liée, de ses origines. Elle apprend que Vidalina, son arrière grand-mère, aurait eu un enfant avec un militaire originaire de Valence. Elle ne sait presque rien de cette ancêtre. La découverte d’un petit cahier où son arrière grand-mère y consignait sa vie quotidienne la plonge dans le Cuba de la fin du 19e siècle, au cœur des relations avec la garnison espagnole. Parviendra-t-elle à retisser la toile de la vie familiale ?
William Navarrete nous plonge au cœur de cette recherche identitaire, à travers un voyage sur plusieurs générations entre les Caraïbes et l’Espagne. Cuba, berceau de l’histoire, nous livre ces épopées contemporaines et passées entre La Havane, Matanzas, Varadero, ou encore la baie de Guantánamo.
«Personne ne savait exactement quelle raison avait poussé Vidalina à aller accoucher à l’autre bout du pays, alors qu’elle était originaire de la ville de Holguin. Ceux qui avaient tenté de lever le voile sur son histoire soutenaient qu’elle avait été déportée par les autorités coloniales car on l’accusait d’avoir tué un officier espagnol durant la guerre de 1868.»
Dans ce décor, mythes et légendes s’entremêlent avec les événements actuels ; des vies qui se croisent, des personnages qui se questionnent sur un passé enfoui et un futur indéterminé. Vidalina et Elba, deux femmes au destin lié, nous emmènent vers des histoires dramatiques, sentimentales, épiques, étonnantes. Cette quête apportera-t-elle les réponses aux questions que chacun se pose ?
Alexandra JAUMOUILLÉ
Vidalina de William Navarrete, traduit de l’espagnol (Cuba) par Marianne Millon, éditions Emmanuelle Collas, 406 p., 21 €. William Navarrete en espagnol : Deja que se muera España, ed. Planeta.
William Navarrete, né à Cuba en 1968, réside entre Paris et Nice depuis plus de vingt ans. Il collabore avec divers médias dont El Nuevo Herald de Miami. Il a écrit plus d’une douzaine de livres d’art, de poésie et d’essais. Son premier roman, La danse des millions, a été publié chez Stock en 2012.